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Étiquette : Livres

D’une dictature à l’autre/ Ni fous ni morts!

Ce 16 juin, la salle du Centre Paris’ Anim de la Place des F^tes réunissait plus de 50 personne, une grande émotion et le récit d’Alberto, réalisateur et acteur des événements…… Laurence Jourdain, Réalisatrice de documentaires lira quelques extraits du livre, écoutés dans un silence attentif et respectueux.

Voici de quoi il fut question:
« NI FOUS NI MORTS

Récits de résistance dans une prison de la dictature militaire en Argentine.

C’était une époque de répression et de terreur causant des milliers de morts, de disparus et de prisonniers politiques parmi les opposants à la dictature militaire. En tant que prisonniers, nous avons traversé ces années noires dans des prisons légales, devenues, après le coup d’État de Videla, en mars 1976, de véritables camps punitifs, destinés à nous briser et à nous soumettre.

La prison forteresse de Coronda était l’une d’elles, là où j’ai passé la plupart de mes années de détention. Un lieu sinistre à 500 km de Buenos Aires, où les militaires ont concentré près d’un millier de prisonniers politiques originaires des provinces du nord-est du pays.

À Coronda, nous avons enduré un régime extrême. Nous étions à la merci des militaires assoiffés de vengeance. Leur consigne était claire et sans appel, le commandant de gendarmerie en charge de la prison nous la répétait sans cesse : « Si vous sortez d’ici, ce sera fous ou morts ». Tout était interdit : pas de lecture (livres, lettres, magazine, journaux), pas de visites, pas non plus le droit de parler entre nous, au moindre écart nous payions par des punitions et longs séjours dans les cachots.

Mais nous avons tenu bon. À la folie répressive de nos bourreaux, nous avons opposé une organisation et une résistance implacables. Avec une créativité difficilement imaginable aujourd’hui, nous avons créé des réseaux secrets de solidarité et d’entraide, des systèmes de communication performants. Ce lieu où le silence et l’isolement devaient être la règle, grouillait d’une activité souterraine intense, par les égouts, par les tac-tac-tac du morse…

Coronda a été notre lieu d’enfermement, mais aussi notre lieu de vie, de partage, et des liens solidaires qui perdurent jusqu’à nos jours. Nous avons connu la souffrance et la douleur. Nous avons perdu des compagnons irremplaçables. Mais notre activité incessante, notre ténacité et l’humour omniprésent, arme puissante contre nos bourreaux nous ont préservés. Dans des cellules étriquées où nous passions vingt-trois heures par jour, nous étions des hommes libres.

Après la chute de la dictature, nous avons été libérés. Coronda, cet enfer sur terre promis par nos geôliers, grâce à notre résistance nous avait préservés.

« NI fous ni morts », est la version française de l’ouvrage sortie originellement en Argentine en 2003 et réédité depuis trois fois dans ce pays.[[« Del otro lado de la mirilla », le titre du livre en Argentine. (De l’autre côté du judas)]] Lors de la première édition nous écrivions :

« Ce livre est une œuvre collective. Ses chapitres sont composés, pour la plupart, de témoignages d’auteurs différents. Des récits anonymes. Ils évoquent en lettres noires nos larmes incolores, le soleil de nos rires, le rouge de notre lutte quotidienne pour survivre.
Nos récits viennent du plus profond de nous-mêmes. Ils sont notre contribution au combat, plus que jamais impératif, pour la sauvegarde de la mémoire, en faveur de la justice et du châtiment des crimes. Un tel projet collectif est un fait unique en Amérique latine.  »

2e partie de la soirée:

Ramon commente le film « les dernières heures de Salvador Puig Antich et le livre qui vint de sortir: Salvador Puis Antich dont il est un des traducteurs.

Salvador Puig Antich : Les dernières heures

Le 16 juin 2022, l’association « 24 août 1944 » présentait au Centre Anim’ de la Place des Fêtes à Paris 19è un documentaire sur les dernières heures de la vie de Salvador Puig Antich.
L’occasion de revenir sur le parcours personnel et politique de cet anarchiste catalan, exécuté en 1974 sous la dictature de Franco. Exécution par « garrot vil », la dernière qui eut lieu en Espagne. Salvador luttait avec le MIL (Mouvement Ibérique de Libération) non seulement contre la dictature mais contre le capitalisme. Le débat qui a suivi la projection du documentaire a permis de revenir sur cette forme de combat (l’agitation armée) d’un groupe de jeunes militants qui rejetaient toute forme d’avant-gardisme, s’opposant aux partis traditionnels qui eux n’aspiraient qu’à l’instauration d’une démocratie bourgeoise s’inscrivant toujours dans le cadre de l’exploitation capitaliste. Nombreuses questions de l’assistance sur le fonctionnement du MIL, ses formes de lutte au service des travailleurs en grève sous une dictature qui justement ne reconnaissait pas le droit de grève. Les méthodes pour financer les caisses de résistance et se procurer des armes, grâce aux « expropriations » (braquages de banques) etc. Puis l’arrestation de Puig Antich, son procès expéditif par la Justice militaire, sa condamnation à mort confirmée par le Conseil des ministres, et entérinée par Franco.
Un débat qui prolongea ainsi le témoignage de ses sœurs dans le documentaire qui évoque les dernières heures de Salvador Puig Antich.
Une page d’histoire de cette période sombre de l’Espagne et de ceux qui ont lutté contre le fascisme, dont notre association continue inlassablement d’évoquer la mémoire.

Musica y Represion Politica

Musica y repressione politica
Enrique Téllez
(editor y coordinador)

Edicion Oràlia

AUTORES Y RESÚMENES

* Juan José Olives (Santa Cruz de Tenerife, 4-II-1951, Barcelona, 4-XII-2018). Compositor, Director titular y artístico de la Orquesta de Cámara del Auditorio de Zaragoza-Grupo Enigma (OCAZEnigma), Catedrático de Dirección de Orquesta en el Conservatorio Superior de Música de Aragón. Licenciado y doctor en Filosofía por la Universidad de Barcelona. Tras finalizar estudios musicales en España, continuó su especialización en Dirección de Orquesta en la Hochschule fur Musik de Viena con Otmar Suitner y de Composicion con Friedrich Cerha; también amplió estudios de Dirección de Orquesta en la Sommer-Akademie de Salzburgo con Ferdinand Leitner y D. Epstein. Este contacto con la vida artística alemana marcaría, de manera decisiva, su quehacer profesional, tanto de Director como de Compositor. Programó numerosas obras de autores alemanes en sus conciertos y escribió, en 1980, una partitura para guitarra titulada Variaciones sobre un tema de Alban Berg para orquesta de cuerda.

* Joan B. Llinares fue Catedrático de Filosofia de la Universitat de Valencia, en cuya Facultad de Filosofía y CCEE impartía docencia en torno a la Antropología Filosófica y la Filosofía de la Cultura. Ha publicado introducciones y traducciones de obras de Richard Wagner (La obra de arte del futuro) y Friedrich Nietzsche (Richard Wagner en Bayreuth, El caso Wagner, Nietzsche contra Wagner), así como ensayos sobre la música en Claude Levi-Strauss, en Schopenhauer, en Joan Fuster, la música y los mitos, y sobre el silencio y la música en los campos de concentración a partir de la obra de Primo Levi. Estos y otros trabajos suyos se pueden consultar on line en el repositorio institucional: . El presente estudio sobre la experiencia concentracionaria de Jorge Semprún ha tenido continuidad en Llinares, Joan B., “Notas de filosofía y antropología filosófica en las memorias de Buchenwald de Jorge Semprún”, en Joan B. Llinares (ed.), Antropología Filosófica y Literatura, Valencia, Pre-Textos, 2019, pp. 245-286.

* Elsa Calero Carramolino es Graduada en Historia y Ciencias de la Música por la Universidad Autónoma de Madrid (2014) y titulada en Patrimonio Musical por la Universidad de Granada y la Universidad Internacional de Andalucía (2015). En la actualidad, es doctoranda y Personal Docente Investigador (FPU 16/01033) en el Departamento de Historia y Ciencias de la Música de la Universidad de Granada. Forma parte de los grupos de investigación Música durante la Guerra Civil y el franquismo (1936-1960): Culturas populares, vida musical e intercambios hispano-americanos. HAR2013-48658-C2-1-P y Músicas en la España contemporánea HUM617, dirigidos por la catedrática D.ª Gemma Pérez Zalduondo. El material tomado en la elaboración de este estudio forma parte de la investigación que la autora desarrolla para la conclusión de su tesis doctoral, que será defendida en 2021.

* Enrique Téllez Cenzano. Profesor Superior de Composición, Dirección de Orquesta y Doctor en Ciencias de la Información (UCM). Ha sido Profesor de la Universidad de Alcalá, Director del Aula de Música de dicha Universidad y de la Revista de Especialización Musical Quodlibet (2012-2018). Para la redacción del presente estudio hemos contado con las colaboraciones de Victor Pliego (traducciones del alemán, textos y canciones), Elisa Borsari (trads. del italiano), Aizea Téllez (trads. del francés y del inglés), Aitana Téllez (trads. del alemán, textos y realización de fotografías), Jorge Fernando Yagüe Polo (trads. del ruso) y Myriam del Castillo (edición de ejemplos musicales).

En libro se ha distribuido en todo el territorio nacional. Puedes trasladarles a las personas que se han interesado por adquirirlo que existen, básicamente, dos opciones:
Introducir en Google (u otro buscador) el título (Música y represión política) y se obtendrá un buen número de librerías que comercializan online el libro.
Dirigirse directamente a una librería especializada de música que se encuentra en Madrid. Tienen ejemplares y realizan una gestión rápida de los envíos:

Librería El Argonauta (C/ Fernández de los Ríos, 55. 28015 Madrid). E-mail: info@elargonauta.com
Telf.: +34 915439441. El enlace directo con el libro es: https://www.elargonauta.com/busqueda/?csrfmiddlewaretoken=fTUWThIsv7v9vjl1Ie64hHwqzym67nVt&texto=m%C3%BAsica+y+represi%C3%B3n+pol%C3%ADtica&buscar_rapida=buscar_rapida

AUTEURS ET RÉSUMES

Juan José Olives (Santa Cruz de Tenerife, 4-2-1951, Barcelona, 4-12-2018) Compositeur, Directeur titulaire et artistique de l’Orchestre de Chambre de l’Auditorium de Zaragoza-Groupe Enigma (OCAZENIGMA), Agrégé de direction d’orchestre au Conservatoire Supérieure de Musique d’Aragon. Licence et Docteur en Philosophie à l’Université de Barcelona. Après avoir fini ses études de musique en Espagne, il continua sa spécialité en Direction d’Orchestre à la Hochschule fur Musik de Vienne avec Otmar Suitner et de composition avec Friedrich Cerha; il a fait aussi des études de Direction d’Orchestre à la Sommer-Académie de Salzburg avec Ferdinand Leitner et D. Epstein. Ce contact avec la vie artistique allemande a marqué de manière décisive, son activité professionnelle, tant comme Chef d’orchestre que comme compositeur. Il programma de nombreuses œuvres d’auteurs allemands dans ses concerts et a écrit, en 1980, une partition pour guitare intitulée, Variations sur un thème d’Alban Berg pour orchestre de cordes.

Résumé: Cette étude est une réflexion sur le contexte où a été conçue l’œuvre d‘Arnold Schönberg Un survivant à Varsovie, composée en 1947, dont il a reçu la commande pendant son exil aux États-Unis. Après avoir découvert le parcours personnel du compositeur, qui fut un auteur au prestige reconnu, professeur et créateur du dodécaphonisme au début du XXe siècle, on voit de quelle manière, il a vécu l’ostracisme provoqué par l’arrivée du nazisme en Allemagne, et son signalement comme Entartete Music* quand lui et sa famille ne se trouvaient déjà plus en Europe Centrale. Sa fuite du pays, qui le laissa sans futur comme des millions d’autres, notamment les juifs, provoqua le retour de Schönberg à la foi de son enfance, le judaïsme. Une étude détaillée de la musique et les paroles de Un survivant à Varsovie, permet d’analyser la relation de l’œuvre avec sa capacité/incapacité pour exprimer l’horreur vécu en Auschwitz, dans le ghetto de Varsovie et dans tous les endroits destinés à l’extermination de millions d’êtres humains, victimes du nazisme.
MOTS CLÉ; Arnold Schönberg; Dodécaphonisme; Entartete Musik; Holocauste; Exile ; Theodor W. Adorno.

*musique dégénérée

Joan B. Llinares a été agrégé de philosophie à l’Université de Valencia, où il a enseigné l’Anthropologie Philosophique et la Philosophie de la Culture à la faculté de Philosophie et CCEE. Il a publié des introductions et des traductions des œuvres de Richard Wagner (L’œuvre d’art dans le futur) et de Friedrich Nietzsche (Richard Wagner à Bayreuth, Le cas Wagner, Nietzsche contre Wagner), et des essais sur la musique de Claude Levi-Strauss, de Shopenhauer, de Joan Fuster, la musique et les mythes, et sur le silence et la musique dans les camps de concentration à partir de l’œuvre de Primo Levi. Ses travaux peuvent être consultés en ligne:

La présente étude sur l’expérience concentrationnaire de Jorge Semprún a été publiée : Notes de Philosophie et d’anthropologie philosophique dans les memoires de Buchenwald de Jorge Semprún, de Joan B. Llinares (ed.), Antropología Filosófica y Literatura, Valencia, Pre-Textos, 2019, pp. 245-286.

La musique dans les camps de concentration nazis selon le témoignage de Jorge Semprún
Résumé: Sur la base des livres que Jorge Semprún a dédié à son séjour de déporté dans le camp de concentration de Buchenwald, (Le grand voyage, L’évanouissement, Quel beau dimanche, L’écriture ou la vie, Le mort qu’il faut), on présente les différentes types de musique qu’un prisonnier pouvait expérimenter dans telles conditions extrêmes: celle de l’orchestre du camp, les chansons d’amour qu’on écoutait à travers les haut-parleurs, les chansons populaires que chantaient les prisonniers espagnols, la musique d’accordéon que jouait un prisonnier français et, en particulier la musique clandestine d’un groupe de jazz.
À côté de la description des répercussions qu’ont eu ces musiques sur le jeune auteur, on défend la thèse que la musique est libre et libératrice, comme celle de Mozart et Louis Amstrong. Elle prétend être la structure poétique exemplaire qui pouvait servir de modèle pour raconter avec une véracité artistique et une efficacité communicative, cette expérience concentrationnaire-là si atroce e inimaginable.
MOTS CLÉ : Orchestre de camp (Lagerkapelle) ; Chansons d’amour ; Chansons populaires ; Musique de jazz ; Musique d’accordéon ; Poésie

Elsa Calero Carramolio est diplômée en Histoire et Sciences de la Musique par l’Université Autonome de Madrid (2014) et diplômée en Patrimoine musical par l’Université de Grenade et l’Université Internationale d’Andalousie (2015).
Actuellement, elle est doctorante et professeure de recherche (FPU 13/01033) au département d’Histoire et Sciences de la Musique de l’Université de Grenade. Elle fait partie des groupes de recherche sur la Musique pendant la Guerre Civile et le Franquisme (1936-1960): Cultures populaires, vie musicale et échanges hispano-américains. HAR2013-48658-C2-1-P et Musiques dans l’Espagne contemporaine HUM617, dirigés par le professer Gemma Pérez Zalduondo. Le matériel pris dans l’élaboration de cette étude fait partie des recherches que l’auteur développe pour la conclusion de la thèse doctoral, qui sera défendue en 2021.

Régénérés et rachetés : profils des musiciens dans les prisons franquistes (1939-1975). Eduardo Rincón : de prisonnier à compositeur.

Résumé : Partant de la théorie de Foucault sur la prison comme « microcosmes d’une société parfaite où les individus sont isolés dans leur existence morale », le présent article vise à rentrer dans la multiplicité de profils musicaux qui se sont développés dans les prisons espagnoles à la fin de la Guerra Civile : des musiciens dont les carrières – et parfois les vies – ont été éliminés après leur séjour en prison, à des cas comme celui de Eduardo Rincón, pour qui la prison a changé la signification de son activité personnelle et intellectuelle, sans oublier ceux pour qui la captivité a été l’occasion de subvertir le régime ou de racheter la peine.

Pour développer cette étude, on doit analyser le modèle culturel et musical imposé par le système pénitentiaire du franquisme, en tenant compte des interférences de ce régime avec le nazisme allemand et sans doute, comme l’ont montré de nombreux auteurs, l’influence dans la vie musicale espagnole «hors les murs » et, comme on verra dans cet article, dans la vie musical de « intramuros ».
Comme conséquence, il convient de s’appuyer sur les sources primaires d’information proposées par l’hebdomadaire Rédemption et les mémoires des activités réalisées dans les prisons, publiées par le Patronat pour la Rédemption de Peines par le Travail, les numéros du Bulletin Officiel de la Direction Générale de Prisons, publiés entre 1942 et 1948, les expédients de détention et pénitentiaires des différents musiciens qui ont subi des représailles, ainsi que des divers témoignages pris comme une partie du travail sur le terrain réalisé pour le développement de la thèse doctoral dont les matériaux exposés ici font partie. De la même manière ne peut être ignorée la bibliographie développée par les divers auteurs sur les relations entre les fascismes de l’Allemagne et de l’Espagne.
MOTS CLÉ : Musique ; Franquisme, Prison ; Répression ; Eduardo Rincón

Enrique Téllez Canzano. Professeur Supérieur de Composition, Direction d’Orchestre et Docteur en Sciences de l’Information (UCM). Il a été professeur de l’Université d’Alcalá, Directeur de la Classe de Musique de cette Université et de la Revue de Spécialisation Musicale Quodlibet (2012-2018). Pour la rédaction de cette étude, nous avons eu la collaboration de Victor Pliego (traductions de l’allemand, textes et chansons), Elisa Borsari (trads. de l’italien), Aizea Téllez (trads. du français et de l’anglais), Aitana Téllez (trads. de l’allemand, textes et photographies), Jorge Fernando Yagüe Polo (trads. du russe) et Myriam del Castillo (édition d’exemples musicaux)

Musique et barbarie-Musique contre la barbarie (1933-1945)

Résume : Cette étude contient un groupe de documents qui sont organisés en deux sections : « Musique et barbarie – Musique contre la barbarie (1933-1945) », quatre épisodes étant sélectionnés, parmi une grande quantité. Ces épisodes nous montrent, respectivement, des visions antagoniques du rôle joué par la création et la pratique musicale (vocale et instrumentale) dans la période donnée : comme instrument de la propagande d’État qui a eu comme objectif de consolider et d’élargir une idéologie politique déterminée – y compris son mode opératoire – et, dans le camp opposé, comme élément de cohésion et de résistance face à de cruels systèmes de répression, torture et extermination.

Les mouvements politiques inspirés par le fascisme se sont implantés dans les premières décennies du XXe siècle, entre autres nations, en Italie, Allemagne et Espagne. Leur conquête du pouvoir – avec des différents degrés de collaboration entre ces pays – a conduit à l’Europe à une spirale de violence qui atteint son paroxysme avec la Seconde Guerre mondiale. Ce conglomérat fasciste a progressé en s’appuyant sur la suppression des droits plus élémentaires des citoyens (réunion, association, expression, garanties juridiques, liberté de la presse…) et a fait sombré le continent en un scénario de destruction, souffrance et mort.

MOTS CLÉ : Fascisme ; Barbarie ; Musique ; Répression ; Propagande ; Résistance.

Ce livre est distribué dans tout le territoire national. Les personnes intéressées pour l’acquérir, ont deux options:
– Introduire sur moteur de recherche le titre (Música y represión política) et on obtiendra les librairies qui le vendent online
– Aller directement à la librairie spécialisée en musique qui se trouve à Madrid.
– Librería El Argonauta (C/ Fernández de los Ríos, 55. 28015 Madrid). E-mail : info@elargonauta.com Telf. : +34 915439441.
– El enlace directo:
– https://www.elargonauta.com/busqueda/?csrfmiddlewaretoken=fTUWThIsv7v9vjl1Ie64hHwqzym67nVt&texto=m%C3%BAsica+y+represi%C3%B3n+pol%C3%ADtica&buscar_rapida=buscar_rapida

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Catalogue: L’UTOPIE EN EXIL

Cette fabuleuse exposition réalisée en novembre 2019 à l’institut Cervantes de Paris, nous laisse de belles traces.
Vous avez désormais accès au catalogue de l’exposition contenant:

  • Un rappel historique de la période espagnole de la révolution aux descendants artistes de ces Républicains très particuliers;
  • Une fiche sur chaque artiste
  • accompagnée d’une ou deux de ses oeuvres,

N’hésitez pas à le feuilleter et à l’utiliser pour vos rencontres, débats, échanges, cours………

Documents joints

Septfonds 1939-1944. Dans l’archipel des camps français

Septfonds 1939-1944. Dans l’archipel des camps français, Perpignan, Le Revenant éditeur, 2019, 450 p.

Le camp de Septfonds, en Tarn-et-Garonne, a été créé à la hâte pour rassembler des républicains espagnols réfugiés en France à la suite de la victoire franquiste et considérés comme « étrangers indésirables », alors qu’ils avaient combattu franquistes, nazis et fascistes coalisés. Plus de seize mille d’entre eux y ont ainsi été parqués, puis enrôlés dans l’économie de guerre et les combats du printemps 1940, avant d’être, pour certains, déportés à Mauthausen. Ensuite, ce camp fut destiné à l’entraînement et la démobilisation de militaires alliés – tels des Polonais – et de volontaires engagés dans les régiments de marche de la Légion étrangère, dont de nombreux Juifs ayant fui leurs pays sous domination nazie. Instance de triage pour étrangers « en surnombre dans l’économie nationale » et cantonnement de divers groupes de travailleurs étrangers, il devint aussi le point de départ vers Auschwitz de près de trois cents Juifs, de familles entières raflées en Tarn-et-Garonne et dans le Lot. Le psychiatre François Tosquelles, l’écrivain Arthur Koestler, le photographe Isaac Kitrosser ou des peintres espagnols ont témoigné sur ce lieu de contrainte et de non-droit. Malgré l’extrême précarité et l’omniprésence de la maladie et de la mort, une vie culturelle a pu éclore entre les barbelés. N’hésitez pas, SOUSCRIVEZ À CETTE PAGE D’HISTOIRE

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Les Affiches des Combattant.e.s de la Liberté Éditions Libertaires, 208 pages, 35€, 3ème édition.

Les Affiches des Combattant.e.s de la Liberté Éditions Libertaires, 208 pages, 35€, 3ème édition. Plus de dix ans déjà que nous avons publié les deux volumes consacrés aux « Affiches des Combattant.e.s de la Liberté » de l’Espagne révolutionnaire (1936) dont il y a déjà eu deux éditions. L’intérêt suscité par ces deux ouvrages a dépassé toutes nos espérances, à tel point qu’ils sont épuisés depuis longtemps. Et bien sûr la demande nous en a été maintes fois faite : « quand les rééditerez-vous ? » > Et bien ça y est, cette 3ème édition est désormais disponible. Nous avons opté cette fois-ci pour une refonte de l’ensemble en un volume unique regroupant les affiches nous semblant les plus représentatives de cette époque.

Résultat : 208 pages rassemblant plus de 300 reproductions accompagnées de leurs légendes et de textes explicatifs et toujours pour le même prix de 35 euros -.

Ce livre permet de revisiter cette période historique (1936-39) et à travers l’expression graphique de l’époque. Il nous aide à comprendre la situation sociale, politique et culturelle de cette Espagne antifasciste qui se dressa en juillet 1936 contre les militaires factieux et leur coup d’État contre la République. Ce livre donne de la couleur à ce vaste mouvement ouvrier et paysan qui mit en œuvre un immense programme de collectivisations et d’expériences autogestionnaires, au moyen d’une révolution sociale et libertaire inégalée à ce jour. Wally Rosell Ramón Pino > Los carteles de los luchadores de la Libertad Editions Libertaires, 208 paginas, 35€, tercera edición Ya van más de diez años que publiquemos los dos volúmenes dedicados a los “carteles de los luchadores de la Libertad” de la España revolucionaria (1936) cuyo se han hecho ya dos ediciones. El interés suscitado por esos dos libros rebasó todas nuestras esperanzas, hasta tal punto que el uno como el otro están agotados desde hace tiempo. Y claro, más de una vez nos han preguntado: “¿cuando los vais a reeditar?” Pues ya está; por fin esa tercera edición es disponible, en francès. Esta vez hemos optado por una refundición del conjunto en un volumen único que agrupa los carteles que nos parecen los más representativos de aquella época. Resultado: 208 páginas que reúnen más de 300 reproducciones acompañadas de sus leyendas y textos explicativos (siempre a las Editions Libertaires y siempre al mismo precio de 35 euros). Este libro permite de revisitar aquel periodo histórico (1936-39) y a través la expresión gráfica de esa época, nos ayuda a entender la situación social, política y cultural de esa España antifascista que se levantó en julio de 1936 frente a los militares facciosos y su golpe contra la República, y donde se pudo ver al mismo tiempo un amplio movimiento obrero y campesino dando cumplimiento a un inmenso programa de colectivizaciones y experiencias autogestionarias, por medio de una revolución social y libertaria inigualada hasta hoy. Wally Rosell Ramón Pino

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La quête de mémoire: Une histoire de famille

Armonia, Franco et mon grand-père :
« Ma mère refuse de me parler du passé. Je pars alors en Espagne avec elle pour filmer
notre histoire familiale. Mais cette quête vire bientôt à l’obsession de connaître la vérité
sur mon grand-père qui prend peu à peu la place d’un mentor dans ma propre vie en plein questionnement…. »

Xavier Ladjointe
Un documentaire comme un « road movie » qui court à la conquête du pourquoi de son existence, par les chemins de traverse que sont ceux de la mémoire familiale. Or celle-ci croise l’Histoire et ses déchirures.

Une soirée dense, émaillée de la voix de Daniel Prévost qui nous lit des passages émouvants de son dernier ouvrage:

Daniel Prévost a connu Paco et Rosita, et il raconte son attachement à ses amis et à leur idéal dans son dernier roman : « Tu ne sauras jamais combien je t’aime ».
L’Espagne libertaire et révolutionnaire s’invita tout au long de ce vendredi soir, comme hôte d’honneur, incontournable et éclatante.

Autour de l'Espagne révolutionnaires et de ses traces
Autour de l’Espagne révolutionnaires et de ses traces
Un moment de partage le 08 juin 2018
Un moment de partage le 08 juin 2018

Hommage à Federica Montseny dimanche 3 juin 2018 au 33 rue des Vignoles

Le 3 juin, début d’après midi le monde afflue déjà au 33.

Une surprise nous attend: Pour la première fois, à Paris, 49 dessins originaux de Madeleine LAMBERET sont exposé dans la belle salle bois et miroir de Flamenco en France. Nous avons pu réaliser cette exposition en avant première grâce à Régine et Christian et à nos amis du CIRA Limoges.

Que savez-vous de Madeleine Lamberet?

Pour ceux qui ne la connaisse pas ou peu je joins une petite bio ainsi évidemment que celle de sa grande soeur Renée, car elles sont indissociables dans leur engagement et leur travail auprès des anarchistes espagnoles, pour rendre compte chacune à sa manière de la révolution sociale, des collectivités et d cela protection des enfants.

Les visiteurs flânent devant les étals de bouquins d’occasion. Ils sont en castillan ou catalan ou simplement en français.

Puis malgré le soleil et la chaleur, tout le monde s’entasse dans la grande salle pour écouter Jérémie de Flamenco en France annoncer que les nouvelles sont plutôt excellentes en ce qui concerne la réalisation du projet du passage du 33, comme lieu VIVANT de mémoire, de culture et de résistance aux promoteurs. La présentation de l’ouvrage de Federica Montseny: Le contexte, l’idée géniale de cette femme qui se réfugia en France sur les mêmes chemins que le peuple espagnol, de recueillir les témoignages tout frais des Espagnol(e)s exilés: leurs situations diverses. Toujours, le fil conducteur d’un exil à l’autre de garder leur idéal intact et l’espoir de reconstruire en Espagne, un jour, cette société de partage… (voir le lien ci-dessous de l’entretien de Martial avec Serge Utgé-Royo le traducteur de l’ouvrage): https://youtu.be/cQqgtevFNlk Et la vidéo réalisée par Richard Prost sur la présentation de l’ouvrage et de notre programme: https://youtu.be/xX-TX4hem7Q Après le débat et une pause soleil, et rafraichissements, la projection du film de Jean-Michel : Federica L’indomptable. Jean-Michel nous fait courir d’une époque à l’autre tout-jours sur les traces de cette militante anarchiste, ministre et écrivain… C’est dire si l’empreinte qu’elle a laissé sur les sentes de l’histoire est profonde et totalement d’actualité. Le débat fut riche d’échanges, de questions, et prometteur de résistance.

Après un tel programme, quoi de plus naturel que d’aller finir les discussions animées autour d’un rafraîchissement en dégustant une pâtisserie ou une gourmandise salée.

Vue sur l'exposition M. Lamberet
Vue sur l’exposition M. Lamberet
Jérémie explique l'avenir du 33
Jérémie explique l’avenir du 33
La salle attentive
La salle attentive
Richard Prost caméra en main
Richard Prost caméra en main
La salle au ciné
La salle au ciné
Jean-Michel Rodrigo explique
Jean-Michel Rodrigo explique
Les stands "culture" et leurs aficionados
Les stands « culture » et leurs aficionados
La civière brodée par Olivier , artiste du 33
La civière brodée par Olivier , artiste du 33
Stands "culture" 2 dans le passage
Stands « culture » 2 dans le passage
Aimé et Serge présentent "Révolutionnaires, réfugiés & résistants", de F. Montseny
Aimé et Serge présentent « Révolutionnaires, réfugiés & résistants », de F. Montseny

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Le 3 juin MÉMOIRE VIVANTE DE L’ESPAGNE RÉPUBLICAINE

Le 3 juin , un dimanche pas comme les autres, L’association Les Pas-Sages vous invite au 33 rue des Vignoles pour un après-midi Culture et mémoire :

Métro Avron ou Buzenval

À partir de 14h : Une brocante du livre espagnol (dans la limite des stocks) et des livres plus généralement sur l’histoire du mouvement libertaire en Europe ;

A 16h30 : La présentation en avant-première du livre de Federica Montseny traduit pas Serge Utgé-Royo, publié par les éditions de la CNT/RP et l’association 24-août-1944 :
Révolutionnaires, réfugiés & résistants
Recueil de témoignages-sur l’exil
Présenté par son traducteur Serge Utgé-Royo et Aimé Marcellan, suivi d’un débat.

À 18h Projection :
Federica Montseny, l’indomptable
Documentaire réalisé par Jean-Michel Rodrigo et Marian Paugam
Suivi d’un débat

À 19h30 : pot convivial de solidarité avec l’association Les Pas-Sages.

Venez nombreux lire, regarder & débattre avec nous.

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« Armonia , Franco et mon grand-père » & « Tu ne sauras jamais combien je t’aime ! »

Le 8 juin à 19h au cinéma Le Grand Action.

Une projection d’un documentaire « familial » et historique, quand la vie de chacun rejoint la grande Histoire . : Armonia , Franco et mon grand-père de Xavier Ladjointe et en sa présence Suivi d’une présentation du livre de Daniel Prévost , en sa présence : « Tu ne sauras jamais combien je t’aime ! » Edit Cherche-midi. quand la vie du comédien télescope celles des exilés politiques espagnols libertaires, son horizon s’imprègne d’humanisme, de solidarité et … d’espoir! Inscrivez-vous: 5€ la place à André Gomar: 06 46 14 68 51 ou ceuxdurail@hotmail.fr

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Révolutionnaires, réfugiés et résistants Témoignages des républicains espagnols en France (1939-1945)

Fuyant Franco, des centaines de milliers de républicains espagnols arrivent en France à l’hiver 1939, dans un dénuement total. Parqués dans des camps, dans le froid et des conditions effroyables, ils témoignent dans ce livre de ce qu’ils y ont vécu, vu et de comment ils ont survécu. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, nombreux sont ceux qui participent à la lutte contre le nazisme, gardant toujours l’espoir en un monde meilleur. Ce livre est issu du travail de mémoire entrepris par Federica Montseny pour transcrire ce qu’a été la vie des réfugiés espagnols – des sans-grade – depuis les camps d’internement du sud de la France et d’Afrique du Nord jusqu’à leur engagement dans la Résistance. Federica Montseny fut une des figures de la CNT et du mouvement libertaire espagnol pendant la révolution de 1936 et la guerre civile puis, après, en exil. Propagandiste infatigable, oratrice hors pair et chroniqueuse acérée, elle écrira de nombreux ouvrages : Cien días de la vida de una mujer (1949), Crónicas de CNT (1974), El éxodo anarquista (1977), Cuatro mujeres (1978), Mis primeros cuarenta años (1987). ISBN : 978-2-91573-144-6 Format : 12×19cm – 420 pages Prix : 15 euros Sortie : 25 mai 2018 Traduction : Serge Utgé-Royo Bon de commande en pièce jointe

Communiqué de Presse
Communiqué de Presse

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La vie de Château ! C’était les 1er et 2 juillet 2017

Le temps d’un week-end, la course folle des heures s’est suspendue au souffle d’un château.

Empli d’anarchistes et d’idées d’insoumis, nous avons partagé ce beau lieu, avec un immense plaisir. Repas fraternels et chambrées accueillantes.
Se sont succédés durant deux jours des conférences et des débats, du théâtre et un concert, des promenades au jardin partagé et une chorale. Tous plus passionnant les uns que les autres. Un vent de résistance s’était levé sur Ligoure, ces jours-là !

Un jeune homme de 92 ans, Christian Pataud nous a conté sa résistance et les maquis du limousin, si célèbres. Tandis qu’André Bernard a partagé avec nous sa vie d’insoumis, pourchassé, de la guerre d’Algérie.

Le soir de ce samedi, ce fut à notre tour:

Serge Utgé-Royo a entamé une soirée d’émotion et de partage avec ses chansons qui mettent en poésie la résistance et la dignité des peuples. Puis nous l’avons rejoint pour entonner sous sa direction les chants révolutionnaires espagnols et ceux liés à la rébellion populaire. Tels :
Un nuage espagnol
A las barricadas,
Si los curas…
Hijos del Pueblo,
Puente de los franceses,
Giroflé, Girofla,
Si me quieres escribir
El Paso del Ebro…
La cucaracha

Sans parler du chant de los Pinguinos « À la Bastille, on voit passer les Espingouins, debout sur les auto-chenilles…« , l’un des chants célébrant la Nueve…
Mais aussi les chansons d’amour de l’époque qui ne laissaient pas insensibles nos anars indisciplinés comme Besame mucho.
Juste pour le plaisir, écoutez la petite bande son qu’un copain nous a envoyé.
https://www.dropbox.com/sh/l2a4seg59704p2a/AAC57rbSF7G6LFUw3qd5nXNVa?dl=0

La chorale los Pinguinos
La chorale los Pinguinos
Le Château
Le Château
André Bernard nous parle d'insoumission
André Bernard nous parle d’insoumission
André Bernard et rené, notre hôte du CIRA Limoges
André Bernard et rené, notre hôte du CIRA Limoges
Rosine
Rosine
Christian Pataud, anarchiste et résistant
Christian Pataud, anarchiste et résistant
La chorale los Pinguinos 2
La chorale los Pinguinos 2
La CRS, qui n'est pas ce que vous croyez
La CRS, qui n’est pas ce que vous croyez
Les êtres des bois
Les êtres des bois
Un réfectoire qui s'affiche
Un réfectoire qui s’affiche
Mais la faim remplie les lieux
Mais la faim remplie les lieux
L'escalier buccolique, petite poésie
L’escalier buccolique, petite poésie

La vie de Château

Bonjour à vous toutes-tous,

Après quelques heures de pause… ce petit mot pour vous donner rendez-vous près de Limoges samedi 1er et dimanche 2 juillet : au Château de Ligoure (Le Vigen, 87), pour la librairie champêtre annuelle du CIRA limousin.
Serge Utgé-Royo y chantera samedi soir à 21 h (accompagné par Jack Ada) et il invitera le choeur des « Pingouins » (de l’association du 24 août 1944) à le rejoindre pour chanter :
A las barricadas,
Giroflé,
Si me quieres escribir
El Paso del Ebro..
.
Sans parler du chant de los Pinguinos « À la Bastille, on voit passer les Espingouins, debout sur les auto-chenilles... », l’un des chants célébrant la Nueve… À samedi…

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A chacun son exil, itinéraire d’un militant libertaire espagnol

À chacun son exil, itinéraire d’un militant libertaire espagnol, Henri Melich, mis en forme par Romain Melich, éditions Acratie, 2014.

Trois quart de siècle se sont écoulés, depuis ce jour de février 1939 où un jeune adolescent se voyait contraint de franchir les Pyrénées pour chercher refuge en France.
Il fallait un sacré courage pour prêter appui aux fugitifs dans la France de Vichy quand on a que 16 ou 17 ans ou pour rejoindre le maquis sous le nom de guerre de « Robert Sans » quand on est à peine plus âgé ou encore pour pénétrer en Espagne, peu après, l’arme au poing, avec un commando qui essuya les feux des forces franquiste. C’est encore du courage pour s’engager dans la lutte antifranquiste au cours des années soixante quand les jeunes libertaires de la FIJL entreprirent un harcèlement direct de la dictature ou pour traverser à maintes reprises la frontière espagnole dans les années soixante-dix afin de « faire-passer » des compagnons qui fuyaient la répression.
L’une des qualités des récits de vies, tels que celui que nous livre Henric Melich est qu’ils nous permettent d’accéder à des réalités sociales qui échappent généralement au regard des historiens de profession même lorsque ceux-ci s’écartent de la « Grande Histoire » et s’intéressent à celles des mentalités ou des modes de vie.

Pour ne pas oublier son visage au regard franc et enjoué et sa voix qui dit l’histoire naturellement, nous vous présentons aussi ce reportage de 20mn de notre ami et compagnon Henric Melich, réalisé par Victor Simal et François Boutonnet.

Jours de Gloire Jours de honte. De David Wingeate Pike, Editions Sedes collection Histoire et liberté 1984

jours-gloire-jours-honte.jpg Après Les français et la guerre d’Espagne, après Vae Victis ! David Wingeate Pike examine ici deux thèmes qui sont restés jusqu’à maintenant presqu’entièrement dans l’ombre : le rôle des Espagnols dans la résistance en France et les activités du Parti communiste d’Espagne pendant la période critique de ses trente-sept ans d’exil. Jours de gloire c’est l’histoire de la contribution héroïque apportée par les Espagnols à la lutte anti-allemande, contribution minimisée, par ignorance ou à dessein, par les historiens de l’époque. Jours de honte, c’est le récit ignoble d’un parti dont la servilité face aux ordres de Staline le plaça au premier plan du conflit dans son pays d’exil, la France étant, plus que l’Allemagne ou tout autre pays, le champ de bataille principal de la Guerre froide. Les liens existants entre le PCE et le PCF au cours des douze premières années d’exil de celui-là ont exigé une attention scrupuleuse. L’importance de Jours de gloire, jours de honte repose sur le caractère unique de sa recherche : en effet, sur la plupart des thèmes exposés dans cet ouvrage, en particulier sur la période 1948-1951 en France, période où la Guerre froide fut la plus intense, aucune étude n’existe.
Ce travail, entamé en 1968, est fondé sur maintes archives officielles et autres sources primaires, ainsi que sur de nombreuses interviews avec ceux qui ont participé au déroulement de cette époque tumultueuse
4e de couverture

David Wingeate Pike, né en Angleterre, émigré au Etats-Unis, professeur d’histoire contemporaine, professeur émérite à l’université américaine de Paris et directeur ; de recherche à l’Américan Graduate School pour les relations internationales et la diplomatie. Il est un grand spécialiste, de l’histoire de la guerre d’Espagne et des républicains espagnols en exil. Parmi les nombreux ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale : Les français et la Guerre d’Espagne (1975), In the service of Stalin. Il publie également de nombreux articles notamment dans la revue Histoire moderne et contemporaine et revue d’Histoire de la deuxième Guerre mondiale. Membre du Comité international d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.

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Mauthausen, l’enfer nazi en Autriche. De David Wingeate Pike, éditions Privat, Toulouse 2004.

enfer-nazi-en-autriche1.jpg Le camp de Mauthausen, en Autriche, est un de ces lieux où l’horreur nazie s ‘est donnée libre cours. Il s’impose au sein de l’archipel concentrationnaire, comme l’archétype du camp d’ « exténuation » où les nouveaux esclaves sont promis à la mort après avoir été usés par le travail. Lorsque la situation de guerre s’aggrave dans le IIIe Reich, il se transforme en complexe industriel enterré, fabriquant des avions, Messerschmitt et des armements. À ses portes la société autrichienne continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était…
David W. Pike propose une radiographie de l’univers atroce de Mauthausen, avec ses prisonniers de diverses nationalités, dont des Espagnols, des Russe, des Français ; avec ses gardiens SS, son escalier aux cent quatre-vingt-six marches, son musée de restes humains, la mort quotidienne… La précision du récit, l’acuité du regard, l’émotion l’acuité du regard, l’émotion contenue donnent sa force brute à cet essai de biographie de l’extrême violence nazie.
4 e de couverture.

David Wingeate Pike, né en Angleterre, émigré aux États-Unis, professeur d’histoire contemporaine, professeur émérite à l’université américaine de Paris et directeur ; de recherche à l’Américan Graduate School pour les relations internationales et la diplomatie. Il est un grand spécialiste de l’histoire de la guerre d’Espagne et des républicains espagnols en exil. Parmi les nombreux ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale : Les français et la Guerre d’Espagne (1975), In the service of Stalin, Jours de gloire,/jours de honte (1984), The spanish Communists in exils 1939-1945 (1993), Spaniards in the holocaust, the Horror on the Danube (2000). Il publie également de nombreux articles notamment dans la revue Histoire moderne et contemporaine et la revue d’Histoire de la deuxième Guerre mondiale.

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Odyssée pour la Liberté

odyssee1.jpg Marie-Claude Rafaneau-Boj : originaire du Sud-Ouest, titulaire d’un DEA en Histoire contemporaine, a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture hispanique. Odyssée pour la Liberté est la première étude complète sur le drame des Républicains espagnols.

Du 17-18 juillet 1936 au 1er avril 1939, une guerre civile particulièrement violente ensanglante l’Espagne. Les militaires félons, puissamment aidés par Salazar mais surtout par Hitler et par Mussolini, triomphent. Après 36 mois d’une lutte acharnée mais inégale, la République est vaincue. Mais la guerre qui se termine, ne se limite pas à l’affrontement entre deux fractions idéologiquement antagonistes, elle a servi aussi les intérêts de l’Axe Rome-Berlin qui a utilisé l’Espagne comme terrain expérimental, une sorte de répétition générale, grandeur nature, avant le déclenchement du second conflit mondial !
Le 26 janvier 1939, la chute de Barcelone sonne le glas de la république espagnole. Le flot de réfugiés qui depuis des jours cherche refuge en France, s’amplifie soudain mais se heurte toujours à une frontière hermétiquement close. Face au drame qui se déroule au sud des Pyrénées, le gouvernement français reste impassible. Pourtant, trois jours plus tard, sous la pression de cette foule éreintée, famélique, désespérée, prête à tout pour se mettre à l’abri de la fureur vengeresse des troupes franquistes, des postes frontières sont enfin ouverts. Commence alors un autre drame. Pour l’heure, seuls les blessés, les femmes, les enfants et les vieillards sont acceptés. Les premiers pour être soignés, les autres pour être temporairement accueillis. Les ordres sont sans appel, Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, a donné le ton. Début février, tous les fronts de résistance sont tombés. Rien ne peut désormais retenir l’avance inexorable des nationalistes qui approchent de la frontière. C’est la débâcle. Le gouvernement français, contraint d’ouvrir plus largement la frontière, laisse pénétrer sur son territoire l’armée vaincue. Depuis le 27 janvier, quelques 500 000 personnes ont passé la frontière. C’est l’un des exils les plus importants des temps modernes. Malgré les déclarations officielles qui assurent que tout est prêt pour les recevoir, tout fait défaut. Seules efficiences, l’ordre et la sécurité pour lesquels rien n’a été négligé. L’accueil n’a rien de fraternel. Les réfugiés, véritables parias, sont traités en ennemis. Toute la zone frontalière, déclarée zone militaire est sous contrôle. Pour un certain nombre de réfugiés, la terre d’asile sera leur linceul. Pour les autres va commencer la vie concentrationnaire, celle des camps, de la haine et de la souffrance qui laissera à jamais des traces indélébiles. Des camps immondes, cerclés de barbelés et gardés par la troupe coloniale en arme, où dans l’indifférence quasi générale, vont croupir, en attendant que des mesures soient prises à leur encontre, ces premières victimes du fascisme, les vaincus de la guerre d’Espagne.
Lorsqu’une ré émigration s’avère impossible, la déception de cet « accueil » incite parfois au retour. C’est le cas pour près des trois-quarts d’entre eux. Ceux qui restent s’organisent et recréent leurs partis et leurs syndicats. Derrière leurs barbelés, ils regardent atterrés le fascisme monter en Europe et se doutent qu’ils ne sont pas à l’abri de ce qui se prépare. À l’approche de la guerre, le gouvernement français quant à lui modifie son comportement et s’intéresse de plus près à cette manne que représentent les réfugiés. Ceux toujours internés vont ainsi quitter les camps pour rejoindre les rangs de la légion ou ceux des compagnies de travailleurs étrangers (CTE) créées à leur intention.
Quelques mois plus tard, l’occupation de la France par leurs ennemis héréditaires et l’installation d’un gouvernement collaborationniste vont les maintenir au combat. Ils sont ainsi parmi les premiers à s’organiser pour poursuivre la lutte contre le fascisme. Ils participent ainsi, comme un fait normal, aux premiers mouvements. C’est dans cette résistance que vont avoir lieu les premiers vrais contacts avec les Français qui partagent les mêmes conditions de lutte. L’expérience de la guerre civile leur donne une certaine organisation, une endurance, une combativité, une expérience militaire qui forcent l’admiration des Français et c’est sur eux qu’ils vont compter pour les actions armées. Beaucoup vont avoir un rôle militaire important. Ils se préoccupent également d’organiser des maquis en Espagne y compris, dans le but de bloquer Franco, s’il lui venait des velléités d’aider les forces de l’Axe. Mais ils sont aussi livrés aux Allemands, requis pour le STO, déportés,… Triste privilège, ce sont les premiers déportés de France vers Mauthausen. Plus de 8 000, hommes et femmes, d’entre eux connaitront ainsi les camps de concentration nazis, nombreux n’en reviendront pas.
Après neuf années de lutte contre le fascisme et un lourd tribut payé pour libérer la France, ils vont de nouveau être trahis par leurs amis d’hier. Malgré les promesses, la guerre de libération s’arrête aux Pyrénées. Le dictateur Franco, épargné, maintiendra l’Espagne sous une chape de plomb et, après quelques 40 années d’une dictature sanglante, mourra dans son lit.
Odyssée pour la liberté nous relate cette épopée : les espoirs révolutionnaires déçus, l’internement dans les camps, la captivité, une autre guerre et l’ultime trahison des démocraties qui mettra un terme final à tout espoir de retour dans une Espagne libérée à son tour du joug fasciste
Tous ces épisodes encore trop méconnus sont développés par Marie-Claude Rafaneau-Boj dans son ouvrage qui est une réédition de celui paru aux éditions Denoël en 1993 [[Traduit et publié en Espagne sous le titre Los campos de concentración de los refugiados españoles en Francia, Ediciones Omega, Barcelona, 1995]] qui était alors une des premières lumières à éclairer l’histoire de ce peuple de l’exil au chant de Liberté.

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Guerre, exil et prison d’un anarcho-syndicaliste

mera1.jpg Né à Madrid le 4 septembre 1897 dans une famille modeste ; Cipriano Mera travaille dès l’âge de 13 ans comme manœuvre dans le bâtiment. Il adhère d’abord à l’UGT puis au syndicat de la Construction de la CNT de Madrid auquel il restera attaché toute son existence.
Le 18 juillet 1936 au moment du soulèvement militaire, il se trouve en prison à la Modelo de Madrid. Le jour même, ses compagnons le libèrent et il s’engage alors dans les milices confédérales anarchistes. Il est nommé « Délégué général » de sa colonne. En première ligne, il se révèle être un excellent stratège militaire, favorisant les prises d’Alcala de Henares, de Cuenca… Mais c’est à la tête de la 14e Division, qu’il s’illustre, avant tout, dans l’importante victoire sur les troupes italiennes à Guadalajara le 23 mars 1937. Sans son plan de prendre par revers les défenses des nationaux en contournant leurs positions dans la cité par le haut, celle-ci ne serait jamais tombée, continuant à faucher la vie de centaines de miliciens qui s’offraient face à un nid de mitraillettes perché sur une hauteur d’où il dominait tous les accès bas de la ville.

Dans son autobiographie, il nous dit sa guerre et témoigne de façon simple et concise sur la participation des unités de la CNT dans un des secteurs géographiques les plus chauds de la guerre civile : la zone du centre de l’Espagne. Il nous raconte son expérience au jour le jour, appuyant sur les événements qui vont marquer son parcours notamment sa manière de s’opposer avec une force tranquille mais déterminée au broyage communiste. Il nous raconte de manière simple mais truculente la façon dont il exige que lui soit remis son chef d’État-major, Antonio Verardini, arrêté par José Cazorla [[conseiller de l’Ordre public de la Junte de défense de Madrid]] alors qu’il était en permission pour 24 heures à Madrid. Et comment il fit aussi sortir de prison Mica Etchebeheré, [[militante du POUM et capitaine d’une des deux compagnies formées par le POUM, accusée d’entente avec l’ennemi]] enfermée dans les cachots de la direction générale de la sûreté à Madrid. Sans éluder certains aspects «doctrinairement» discutables, comme la militarisation des milices, il assume l’entière responsabilité de son action. Il ne passe rien sous silence et évite les justifications a posteriori. Il est nommé lieutenant-colonel à la tête du IVe corps d’armée [[armée du centre]].
En mars 1939, Mera soutient la coalition militaire du colonel Casado contre le gouvernement Negrín, [[composé essentiellement de dirigeants ou sympathisants communistes et assistés de délégués soviétiques, prêts à sacrifier la vie de beaucoup d’hommes pour un combat perdu d’avance, alors que la plupart d’entre eux ont déjà quitté l’Espagne, abandonnant leurs troupes à elles-mêmes]]. Puis il se désolidarise de Casado, compte tenu que ce dernier ne s’est pas garanti [[en occupant les mines de mercure d’Almadén par exemple]], comme cela avait été prévu, pour négocier avec Franco, et du coup les négociations échouent.
À la suite de quoi, Mera se préoccupe de quitter l’Espagne avec ses compagnons. Il réussit dans les derniers jours de mars 1939 à passer en Algérie où il connait les camps d’internement, puis au Maroc où il est arrêté par les autorités pétainistes et en 1941, remis aux autorités franquistes. Incarcéré, il est condamné à mort puis gracié.
Il revient en France en 1947 où il s’installe définitivement comme maçon, métier qu’il exerce toute sa vie. Ce qui lui fait dire cette phrase célèbre : « Ma plus grande victoire a été la truelle« .
En 1965, il est exclut de la CNT avec une partie des militants qui refusent la ligne politique que prend cette dernière. En 1969 il prend sa retraite. Il meurt le 24 octobre 1975, à peine un mois avant Franco…
À ses funérailles, son compagnon Francisco Olaya Morales lui rendit hommage en une belle phrase résumant son action émancipatrice, en forme d’épitaphe : « Il mourut comme il avait vécu : en construisant des édifices que d’autres se consacraient à détruire »

Article réalisé grâce à l’appui d’extraits de la 4e de couverture de l’ouvrage Guerre, exil et prison d’une anarcho-syndicaliste, Cipriano Mera, et de l’article de Lucie Heymé paru le 1er octobre 2012 sur http://www.autrefutur.net/Ma-plus-grande-victoire-a-ete-la

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Ni l’arbre ni la pierre

Des combats pour la liberté aux déchirements de l’exil – L’odyssée d’une famille libertaire espagnole

Mon père était ouvrier à l’usine et le reste du temps avec ses compagnons, il préparait la révolution sociale. Enfant, dans les années cinquante, je considérais mon père comme quelqu’un ayant deux métiers : ouvrier et révolutionnaire.

Les femmes et les hommes qui vécurent cette odyssée s’affrontèrent, la rage au ventre à l’ignominie des pouvoirs. A la joie, la vitalité et l’enthousiasme immense qui régnaient durant la révolution espagnole succéderont la détresse des réfugiés, dépossédés de leurs armes et parqués honteusement dans des camps de concentration français, la résistance contre le fascisme et l’espoir déçu d’un retour en Aragon.
Nous nous souviendrons longtemps, avec tendresse, de cette grand-tante chanteuse de music-hall à Barcelone, de ces grands oncles rebelles et aventuriers, bandoleros au service du mouvement libertaire, de cette grand-mère se répandant d’affection pour ses petits-enfants, leur chantant Hijos del pueblo, l’hymne des anarchistes. Nous repenserons au restaurant populaire collectivisé de Sarinena où se rencontrèrent Juliana et Eusébio, les parents de l’auteur.

Nous les imaginons débordant de révolte, de désir et d’espérance. Ils prennent place dans notre mémoire…


_Né en 1953 à Villefranche-en-Beaujolais, Daniel Pinós est l’avant-dernier d’une famille de six enfants. Ses parents, des anarcho-syndicalistes espagnols, s’exilèrent en France en 1939. Militant libertaire et antimilitariste, insoumis en 1973, il s’exila à son tour à Amsterdam où, en 1976, il apprit la mort de son père. Il est aujourd’hui responsable d’édition aux Presses de la Sorbonne Nouvelle.

Daniel Pinós collabore également à l’association 24 août 1944 pour laquelle, notamment, il écrit des articles et s’occupe des publications.

La guerre d’Espagne ne fait que commencer

Ce titre pourrait apparaître comme erroné ou provocateur pour les « experts » de la guerre d’Espagne ou pour ceux qui vivent dans son ombre. Qu’importe, il ne leur est pas destiné…

Au delà du « fait historique », Jean Pierre Barou [[Éditeur, avec Sylvie Crossman, d’Indignez-vous !, co-auteur, avec S. Crossman, d’Enquête sur les savoirs indigènes (Folio), et de Tibet, une autre modernité (Points).

La guerre d’Espagne ne fait que commencer, 2015 – éditions du Seuil ]] évite une énième hagiographie. Il traite du contexte et s’adresse à ceux qui souhaitent comprendre comment des insurrections conscientes, individuelles ou collectives (que certains qualifieraient aujourd’hui d' »insurrections citoyennes « ), peuvent être à l’origine d’une révolte, voire d’une révolution.

« Casas Viejas » en perspective

Au travers d’un « récit-enquête » supporté par les évènement de « Casas Viejas », une insurrection citoyenne, un soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » s’inscrivant dans le mouvement de la prise de conscience individuelle et collective mais qui sera noyée dans le sang par la Garde d’assaut républicaine du gouvernement républicain-socialiste de Manuel Azaña [[Les événements se sont déroulés entre les 10 et 12 janvier 1933 dans la petite ville de Casas Viejas (province de Cadix). Pour mettre fin à des « troubles » en Andalousie, la Garde d’assaut républicaine, envoyée par le gouvernement incendie une maison où s’est retranchée une famille de sympathisants anarcho-syndicalistes de la Confédération nationale du travail : six personnes périssent brulées. En tout, dix-neuf hommes, deux femmes et un enfant sont tués, ainsi que trois militaires.]] et en illustrant ses analyses par « Espagne », un texte de Thomas Mann [[Voir : Les écrivains et la guerre d’Espagne

http://www.monde-diplomatique.fr/1997/04/SANZ_DE_SOTO/4705]] rédigée en 1936 ou les positions de Camus, Jean Pierre Barou nous incite à réviser toutes nos certitudes sur la période 1931-1936, en évitant de tomber dans l’écueil du conflit entre « le bien et le mal », entre les républicains et les nationalistes.

Alors que le nationalisme espagnol s’est imposé contre son peuple, les républicains ne l’ont pas non plus ménagé.

Mais plus encore qu’un « trou noir » dans les origines de la guerre civile espagnole, Jean Pierre Barou, voit dans « Casas Viejas » un exemple pour ouvrir la réflexion sur d’autres « communes libres ». Souvent éradiquées par des républicains ou des nationalistes, comme l’écrivait Thomas Mann, elles n’en demeurent pas moins portées par des « revendications de la conscience « .

Un lapsus révélateur…

Dans ce livre où l’anarcho-syndicalisme est très présent, page 41, l’auteur parlant de la CNT en donne le développement suivant : Confédération Nationale des Travailleurs.
Résultat du soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » : les Travailleurs ont « remplacé » le travail…

Source : www.autrefutur.net

Les mémoires de Mika ou le récit sensible d’une vie de milicienne

« On aura tout vu. C’est une femme qui commande la compagnie et les miliciens qui lavent les chaussettes. Pour une révolution, c’est une révolution ! »
( Ernesto, dans « Ma guerre d’Espagne à moi ».)
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( Mika et Hippolyte Etchebéhère )

Dans « Ma guerre d’Espagne à moi »[[Éditions Denoël, Paris, 1975- Éditions Milena, 2014.

lire également : « La Capitana » d’Elsa OSORIO, Bibliothèque Hispano-Américaine. Editions Métailié 2014]], on est loin de ces récits héroïques où les heures de gloires et les coups de force coulent de pages en pages…

Mika y parle simplement de ses engagements politiques, initiés en Argentine, de sa participation au front de Sigüenza avec le POUM[[12 Juillet 1936, six jours avant le coup d’État franquiste, Mika est à Madrid. Fin 1936, après la militarisation des milices, elle rejoint la 38è Brigade. Sa compagnie décimée dans de violents combats, elle intègre, avec le grade de capitaine, la XIVè division de l’Armée populaire espagnole, dirigée par Cipriano Mera de la CNT.]] ou de ses combats ultérieurs. Avec humanité, elle évoque son amour complice pour Hippolyte, ses considérations sur l’art ou la sexualité au front [[Lire également : « Mémoires d’une femme dans la tourmente de la révolution espagnole : l’exemple de Mika Etchebéhère »- Mémoire de Master de Vanessa Auroy, Université Angers, 2013.]]. Et puis, elle raconte ses liens d’amitié avec Cipriano Mera, l’un de ses mentors, qui interviendra lorsqu’elle sera incarcérée par la Gépéou…

Hippolyte Etchebéhère

Sa rencontre avec cet homme sera, pour Micaela Feldman, celle d’une vie. Elle l’épousera, deviendra Mika Etchebéhère et lui succèdera, à sa mort, sur le front espagnol en août 1936, en tant que capitaine d’une colonne poumiste. Son souvenir la suivra durant toutes les batailles qu’elle livrera en sa mémoire et pour la lutte révolutionnaire. À de nombreuses reprises, elle évoque son mari décédé quand elle ne se sent pas bien, quand elle est déprimée, apeurée ou tout simplement seule

Après la chute de la cathédrale de Sigüenza qui fut la bataille la plus importante et qui lui permit d’obtenir ses galons de capitaine, elle part récupérer des forces chez des amis à Paris. Elle explique alors que ne pas se souvenir ou du moins essayer de ne pas se souvenir de son mari est un rempart contre le laisser-aller :

Après cela j’ai dressé un barrage aux souvenirs. Pour pouvoir vivre. Alors je suis vidée. Je n’ai que les pensées utiles à la guerre, les autres me sont défendues. Je ne dois pas lire car j’ai tout lu avec lui, ni regarder le ciel, ni aimer la montagne, ni me pencher sur une fleur, car tout cela appartient à notre vie à deux, à ce séjour où il me disait : « Il faut que nous ménagions notre amour. Nous achèterons moins de livres pour que tu puisses avoir une jolie robe. Tu te souviens de celle que j’avais dessinée pour toi lorsque nous nous sommes connus ? Maintenant tu n’as qu’une vieille jupe et ce manteau de garçon que Marguerite t’a donné.

La politique avale toute notre vie, il ne faut pas qu’elle nous dévore.

Rencontre sur le front avec Mera

Quand elle rencontre Cipriano Mera sur le front, elle se rappelle ses premiers engagements vers l’anarchisme et le groupe féministe « Louise Michel » auquel elle adhère dès l’âge de 14 ans…

Il incarne pour moi l’anarchisme intransigeant et austère qui m’a conduite à la lutte révolutionnaire sitôt sortie de l’enfance.

Et lui, de faire le lien avec sa façon de penser, ce qu’elle ne nie pas:

Mera : Avoue que tu aimes causer un brin avec tes anciens frères anarchistes. Toi, le communisme t’est resté à la surface, à l’intérieur tu restes anarchiste.

Mika Tu as peut-être raison…En tout cas, ce qui peut me rester de l’anarchisme, c’est mon incapacité à respecter les hiérarchies imposées et ma foi dans le cercle de l’égalité.

Quand l’un de ses miliciens, Clavelín qui n’avait que quinze ans, est mortellement blessé lors des combats sur la colline de l’Aguila, elle se met à pleurer. Mera lui adresse alors une phrase acerbe :

Allons, petite, cesse de pleurer : vaillante comme tu es, tu pleures ! Bien sûr, tu es femme après tout.

Avec fierté, elle s’oppose à son mentor et lui répond avec un certain mépris :

La phrase me cingle comme un fouet furieux qui me fait serrer les poings et me brûle au visage. Je lève la tête, tâchant de me calmer, cherchant une réponse écrasante, mais je parviens seulement à dire : « C’est vrai, femme après tout, et toi, avec tout ton anarchisme, homme après tout, pourri de préjugés comme n’importe quel mâle.

Des églises brûlées, des curés arrêtés

Grâce à son environnement familial, elle a acquis un goût pour les arts et leur conservation. Elle s’insurge quand elle voit les églises brûlées par anticléricalisme :

Vous savez, camarades, il y a de vrais trésors ici. Chaque morceau de bois peint vaut une fortune. C’est très vieux et jamais plus on ne refera rien de pareil. Quand la guerre sera finie, votre chapelle sera déclarée monument national et l’on viendra de partout la voir, même de l’étranger.

Et en face de trois curés arrêtés par les miliciens, assis sur un banc devant la gare, elle s’apitoie :

Sans le milicien armé qui les surveille on pourrait croire qu’ils attendent le train pour partir. Aucun ne prie. Ils ont l’air si lamentable que je rage de sentir ma vieille ennemie, la pitié, et la honte d’avoir toujours pitié, me prendre à la gorge.

Femmes et sexualité au front

Si elle ne consacre pas de chapitre aux femmes en général, elle les évoque au gré des circonstances et du quotidien au front.

Les premières qu’elle cite sont ces « quelques femmes, certaines d’allure bizarre » qui se trouvent dans les locaux du POUM aux premiers jours de la guerre. Très vite, elle apprend « que ce sont des filles d’une maison close voisine qui viennent s’enrôler dans la milice. »

Une certaine gêne et un dégoût s’affiche alors face à ces prostituées.

Elles me ramènent loin en arrière, à un morne soir de Paris, dans le quartier de la Chapelle, rue de la Charbonnerie : je portais un ciré noir, ma lassitude d’une harassante journée de courses, et une valise pleine de Que faire ?, la revue de notre groupe qu’il fallait distribuer dans les kiosques. Une terreur enfantine me saisit, et lorsqu’une grosse brune marcha sur moi avec des gestes obscènes, je me mis à courir comme une folle, poursuivie très longtemps par les éclats de rire de ces femmes que dans nos discours anarchistes, alors que j’avais dix-huit ans, nous appelions « nos soeurs les putains ».
Devant ces sœurs qui aujourd’hui viennent à nous, je ne me sens pas l’âme fraternelle. Rancune, peut- être même jalousie parce que nos camarades les couvent du regard
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D’autres sont également une source de rejet : celles qui cherchent, à tout prix, à devenir les fiancées des miliciens ou les maîtresses des chefs afin d’obtenir, par procuration, un certain prestige, de l’ascension sociale ou qui essaient simplement de sauver leur vie en profitant de leur féminité.

Mais il y a « l’Abysinienne » :

D’où venait cette Abisinia que j’avais trouvée parmi nous au retour de l’hôpital ? Elle avait la peau d’un brun presque noir, des yeux de jais et la tête couronnée de nattes aussi noires que ses yeux, d’où son surnom d' »Abysinienne », et elle avait seize ans – qui en paraissaient vingt. Grande, la poitrine haute, son bleu de milicienne n’arrivait pas à effacer sa taille de maja ni à dissimuler sa démarche balancée de fille des bas quartiers de Madrid. Elle chantait toute la journée Ay Mari-Cruz, Mari-Cruz, maravilla de mujer…, on la voyait se promener, esquisser un pas de danse, aborder un milicien, un autre avec toujours la même exigence : « Montre-moi comment ça se démonte, un fusil. Je sais le charger, mais pas le démonter, et un jour moi aussi j’en aurai un..

Et aussi « Manolita la Fea » (la moche):

Oui, Mocheté. Je suis de la colonne Pasionaria, mais je préfère rester avec vous. Jamais ils n’ont voulu donner de fusils aux filles. On était bonnes pour la vaisselle et la lessive. J’ai entendu dire que dans votre colonne les miliciennes avaient les mêmes droits que les hommes, qu’elles ne s’occupaient ni de lessive ni de vaisselle. Je ne suis pas venue au front pour crever, un torchon à la main. J’ai assez récuré de marmites pour la révolution !

Sa réflexion sur la sexualité des autres femmes évolue après avoir vu toutes les atrocités que peut provoquer une guerre. À Madrid, elle croise une femme dans les rues et entame une discussion avec elle :

« On n’a jamais fait autant l’amour ici, me dit une femme qui tient une grosse poule attachée par une patte à sa chaise. Cette poule, tiens, elle nous pond un oeuf chaque jour. Je la sors prendre l’air dès que les obus cessent de tomber. Les filles de Madrid vont aussi pondre des tas de gosses… A ce train-là, les pertes de la guerre seront vite comblées.

C’est toujours comme ça en temps de guerre, lui dis-je pour qu’elle n’ait pas honte de ses compatriotes. Les gens veulent vivre vite de peur de mourir… »

Incarcérée par la Guépéou

Après les journées de mai 1937 à Barcelone (la Contre révolution stalinienne) et la mise hors la loi du POUM, Mika est incarcérée par les staliniens et manque de connaître le même sort que nombre de ses camarades, éliminés par la Guépéou [[Créée en 1922, elle remplaça la Tcheka. Elle joua un rôle important dans la révolution entreprise par Staline à partir de 1929, envoyant dans les camps gérés par le Goulag les saboteurs, les koulaks, les membres du clergé ou de l’ancienne intelligentsia. Elle fut intégrée en 1934 au Commissariat du peuple aux affaires intérieures (NKVD). ]]. Elle échappe à l’exécution sommaire grâce à l’intervention de Mera, son ami et mentor[[Ironie du sort : quelques années plus tard, Mera sera à son tour victime d’autres commissaires politiques, mais cette fois-ci, de la CNT en exil… Lire http://www.autrefutur.net/Ma-plus-grande-victoire-a-ete-la]] .

– Comment Mera sauva Mika des griffes staliniennes –

À sa sortie de prison, elle rejoint le groupe féministe libertaire, Mujeres Libres, participe aux combats jusqu’en juin 1938, lorsque les femmes sont renvoyées vers l’arrière. À l’entrée des troupes franquistes dans Madrid, elle parvient à leur échapper et à passer en France.

Inlassable militante, après avoir participé aux événements de 1968, comme Mera, elle meurt à Paris en 1992.

 

Relire ainsi quelques souvenirs de Mika, comme ses échanges avec Mera, rajoute un goût amer à l’échec d’un (de leur) espoir partagé…

Source : www.autrefutur.net

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