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Au revoir Marina

Article du | 24 aout 1944 | ,
Marina Aguayo s’est éteinte dans son sommeil la nuit de mercredi 22 au jeudi 23 mai 2024 à l’âge de 95 ans.

Très chers Minerva, Ruben et Yati

 

C’est avec une immense tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Marina, votre maman et grand-mère et notre amie de toujours.

Le jour où j’ai rencontré Marina et qu’enfin elle a accepté de me raconter sa vie, je peux prétendre que la mienne a fait un bond dans ma considération du genre humain.  Je puis affirmer aujourd’hui :

« J’ai mendié avec Marina Aguayo, aux portes des églises, avec elle j’ai bu le poison de l’humiliation. Nous sommes ensemble parties sur les chemins de l’exil, sous les bombes, poussées par la faim et la peur. Je suis arrivée avec elle en France, dans les camps à subir une promiscuité qui oblige à se défendre, si jeune fut-elle, tout simplement pour vivre.

Marina et son franc parler, a passé  son temps entre les prisons et la préfecture, qui se défend et sort ses griffes pour défendre les délaissés, les exilés du cœur, les nécessiteux de tendresse. Toute son existence est hymne de combat, une exhortation à vivre debout. » (Véronique Salou Olivares, Mémoires espagnoles ed. Tirésias)

On a beau s’y attendre, c’est toujours difficile d’accepter la disparition de ceux qui nous sont chers. Même si c’est l’ordre des choses, il est toujours déchirant de perdre le mur sur lequel notre vie s’est adossée tant de fois.

Marina c’est une femme-résistance, un être debout dans la tempête de la vie. Dès son enfance elle a appris à défendre son existence et celles de ceux qu’elle aimait.

D’une enfance de guerre, mendiante et orpheline elle se fortifia sur les chemins difficiles de l’exil. Toute sa vie, elle resta fidèle à son rêve de liberté, de solidarité et ne laissa personne au bord de sa route. Elle fut le soutien des clandestins contre Franco, et imposa sa vérité de femme, dans un monde de militant masculin et souvent exclusif.

Marina, c’est pour nous tous une leçon d’amour et d’utopie. C’est une main tendue vers l’espoir, la vision d’un monde meilleur, partageux, que toute son existence elle a tenté de créer à l’échelle de son entourage.

Nous imaginons sa frêle silhouette, toujours vaillante, et prête à résister, faire fi de ses faiblesses et adorer s’enraciner au secours des autres. Elle restera dans nos têtes et dans nos cœurs comme une compagne de route, sur les sentes de la vie.

Nos pensées vont vers vous, qui allez devoir combler ce vide qu’elle laisse dans vos cœurs et dans votre réalité.

Elle fut amour, culture et protection, elle devient maintenant la voix à votre esprit quand l’hésitation sera là, car elle saura encore être près de vous.

Toutes nos condoléances et notre affectueuse tristesse.

 

Association 24 Août 1944

&

Famille Salou Olivares

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