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« Ni vieux, ni traitre » Victor Simal, dernier sourire

Article du | 24 aout 1944 |
Victor n’a jamais renoncé à transformer son parcours de vie, en un chemin de résistance. Mais une résistance joyeuse, apte à croquer la vie et à profiter du bonheur niché dans des instantanés les plus fugitifs. L’utopie faite source de jouvence, il allait la fleur aux lèvres, et l’allégresse comme partition. Nous n’oublierons jamais son rire retentissant, sa bonne humeur et ses facultés à trouver des solutions dans les situations les plus compliquées.

« Ni vieux, ni traitre »
Victor Simal

Né le 6 octobre 1944, de père et mère catalans.
Ses parents passent la frontière début février 39 avec leur fille de 36 mois. Ils sont immédiatement enfermés au camp de concentration d’Argelès sur mer où sa soeur décéde de faim, de froid et de maladie.
À la sortie du camp, ils rejoignent Paris et son père entre dans la résistance, comme beaucoup d’autres réfugiés espagnols.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils s’installent en Normandie comme photographes. Et Victor apprend le métier avec eux. Il exerce la photo à Paris.
En 1974, départ dans les Pyrénées Orientales où il entre rapidement en contact avec les libertaires de la région : Luttes contre le nucléaire, soutien aux insoumis, contacts et aides aux camarades libertaires encore sous la férule du dictateur Franco. En 78, en passant la frontière, il tombe dans une embuscade tendue par la Guardia-Civile espagnole : 3 jours de torture, 9 mois de prison à la Modelo de Barcelone, plusieurs mutineries et 3 grèves de la faim avant d’être libéré sous caution.
En 1983, il retourne à Paris et travaille 18 ans dans la chaine M6 en qualité de journaliste caméraman. Il lui vient alors la mauvaise idée d’accepter un reportage en Espagne, la police l’intercepte et c’est reparti pour 3 mois de prison au bout desquels il est acquitté.

Depuis longtemps sa devise préférée est « Ni dieu ni maitre », à laquelle il accola :
« Ni vieux, ni traitre »

Victor,
Aujourd’hui tu raccroches les gants, mais seulement après avoir réalisé ton œuvre ultime qui te tenais tant à cœur. Dénoncer encore une fois le franquisme et ses terribles survivances.
Nous sommes fiers d’avoir participer à cette aventure qui t’a permis de rappeler une page d’histoire enfouie dans l’oubli collectif et surtout qui t’a rendu si heureux. Nous savourons encore aujourd’hui le souvenir rieur de ta présence pour la présentation de ton film en décembre 2021. :
Et comme oraison funèbre nous voulons rappeler aux parsonnes qui liront de quoi traite ton ultime travail :

La Modelo, prison de Barcelone
Amis dessous la cendre, Victor Simal, 2021

Après la mort de Franco, le régime espagnol va maintenir un appareil policier et militaire semblable à celui du régime franquiste. Au cours de la « transition démocratique », le gouvernement espagnol va ouvrir des discussions avec les partis politiques et les syndicats qui vont aboutir aux pactes de La Moncloa signés en 1977. Seule la Confédération National du Travail (CNT, syndicat anarcho-syndicaliste) va refuser d’ajouter sa signature, ce qui va entraîner une violente répression à l’encontre du mouvement libertaire. En février 1978, 12 libertaires sont arrêtés lors d’une rafle sur le territoire espagnol. C’est au cours d’activités militantes que, notamment, Bernard Pensiot et Victor Simal, libertaires français, seront appréhendés. Le premier à Barcelone le 3 février 1978 ; le second à la frontière espagnole avec 3 autres compagnons le 4 février 1978. Avant d’être incarcérés à La Modelo, ils seront durement torturés pendant 72 heures lors des «interrogatoires» de la Guardia civil.

Victor Simal, écrivain, poète et réalisateur a vécu de l’intérieur et dans sa chair ces années d’emprisonnement. Il fallait au pouvoir espagnol de quoi alimenter la peur afin de contrer la popularité dont semblait à nouveau bénéficier la CNT et le mouvement anarchiste, sortis de la clandestinité.

Merci Victor d’avoir vécu et d’avoir tant partagé avec les autres !
Nous ne t’oublierons pas.

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