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Chemins de l’oubli

Article du | 24 aout 1944 |
« Ayuda a la infancia y Caminos del exilio ». L’exposition des 100 photos de Philippe Gaussot (membre du Comité National Catholique) se trouve à Grenade (Andalousie) du 1er au 31 octobre. Juan Chica Ventura et Kiko Herrero y étaient pour nous. Photo © Kiko Herrero (Cet article paraitra dans le Monde Libertaire de Novembre)

Dans le cadre des journées de Memoria histórica (Mémoire Historique), une quinzaine d’activités culturelles, dédiées cette année à l’exil républicain se célèbrent dans le Palais des comtes de Gabia à Grenade.

Kiko Herero, auteur madrilène de deux livres déjà parus, l’un en 2014 Sauve qui peut Madrid !, l’autre en 2018 El Clinico et Juan Chica Ventura, artiste peintre, créateur de la peinture murale (2019) traitant le thème historique de la Libération de Paris en 1944, de la Nueve de la 2e D.B, se sont retrouvés invités à la Députation de Grenade le 1er octobre 2020, comme représentants de l’association 24 Août 1944, (il n’y avait pratiquement personne). Kiko n’a même pas été présent.

Finalement Juan s’est retrouvé à expliquer l’exposition de photos de Philippe Gaussot : Caminos del exilio, (Chemins de l’exil), auprès d’autres invités d’associations mémorielles, Asociación Granada para la Recuperación de la Memoria Histórica,(Association Granada pour la récupération de la Mémoire Historique), Rafael Gil Bracero, de Verdad, Justicia y Reparación, (Vérité, Justice et Réparation) Francisco Vigueras et de la députée de la Culture, de la Mémoire Historique et Démocratique (dénomination actuelle par le gouvernement socialiste espagnol), Maire de la région d’Alfacar, Fátima Gómez.

Notre exposition traite : pour une première partie de l’aide aux enfants basques puis catalans éloignés des fronts de guerre et mis à l’abri en France, et pour une seconde partie de la Retirada (la Retraite) d’environ ½ millions de républicains, d’anarchistes, de poumistes, de socialistes et de communistes, composés de femmes, d’hommes, d’enfants et de personnes âgées, qui durent fuirent la Guerre Civile dans cette Espagne en noir et blanc de 1939, poursuivis par les armées franquiste, fasciste et nazie, en traversant les Pyrénées pour finalement se retrouver dans des camps de concentration en France.

Ces clichés laissent transparaitre les liens d’humanité que l’artiste a réussi à forger avec les refugié.e.s. Son émotion, sa bienveillance et son amitié pour elles et eux transpirent dans chacun d’eux. Ils transmettent non seulement la chaotique organisation de l’exode et l’angoisse des gens, mais aussi l’orgueil, la dignité et surtout toute la combativité de ces bannis.
juan nous confie ses impressions sur la réception:
La visite de l’exposition avec les « quelques invité.e.s », s’est faite au pas de course, comme si nous allions nous contaminer les uns les autres, à signaler aussi, la double absence d’un texte entier sur les « colonies infantiles » et la liste des noms des coordinateurs et organisateurs de l’exposition. Ce sont des manières plutôt cavalières pour une institution qui se vante de travailler sur la culture et la mémoire. Francisco Vigueras, un des représentants cités plus haut, nous a avoué que le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) ne voulait pas faire de vague et se servait de ce type d’événements pour se donner bonne conscience, personne n’est dupe dans cette histoire, rien de nouveau sous le soleil.

L’association 24 Août 1944 est dépositaire de cet héritage et a réalisé la sélection de photos pour l’exposition. Son objectif est de promouvoir et cultiver la mémoire historique des antifascistes espagnols exilés en 1939.
Cette exposition, qui durera du 1er au 31 octobre, ouvre le cycle de conférences et débats sur la littérature, les mémoires féminines, les femmes républicaines, les politiciens républicains, les journaux, le cinéma, les artistes, les éditeurs de l’exil. Pour la cinquième année consécutive, la Députation met à disposition de la ville, une exposition qui a pour objectif de relever des aspects de notre passé plus proche de nous, d’analyser et d’approfondir suivant différents contextes : historique, social, universitaire et médiatique, la réalité de cette période de notre histoire.

Cette exposition qui a déjà été présentée à Madrid entre décembre 2019 et février 2020 dans la salle de l’Arqueria Nuevos Ministerios, (Arcade des Nouveaux Ministères) de Madrid, accompagnée de l’exposition « La sangre no es agua » de Pierre Gonnord, (portraits et témoignages d’exilés et de descendants).
Le succès auprès des Espagnols fut au rendez-vous. Elles sont appelées à continuer leur périple dans d’autres villes d’Espagne : Cadiz, Almería, Vigo Barcelone, La Corogne puis à l’étranger : Paris et Liège. Le travail de diffusion de la Mémoire Historique traite de tous les épisodes qui ont eu lieu pendant les trente-deux mois de guerre civile, la retraite et les 40 ans d’exil, sans perdre de vue que la cause principale et déterminante était de provoquer une expérience collective et harmonieuse, un rêve égalitaire, qui se concrétisa par une véritable révolution sociale, inscrite depuis dans la culture révolutionnaire anarchiste espagnole.

Juan Chica Ventura
Groupe anarchiste Salvador-Seguí

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