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25 mai 2023 POSE D’UNE PLAQUE AU SIÈGE DE LA FEDIP 27 rue de Saint Pétersbourg 75008 Paris

Article du | 24 aout 1944 | ,
Les républicains espagnols, enrôlés dans les CTE (Compagnies de travailleurs étrangers) en 1940 ont le triste privilège d’être les premiers déportés « français » dans les camps nazis. Ils arrivent au camp de Mauthausen (Haute Autriche), à partir du 6 août 1940, en provenance des stalags, et le premier convoi parti du territoire français part d’Angoulême, le 20 août 1940 chargé de républicains espagnols (hommes, femmes et enfants) pour parvenir à Mauthausen le 26 août.

La FEDIP (Federación Española de Deportados e Internados políticos) est issue d’un besoin né à la libération des camps de concentration nazis, pour les survivants de se regrouper, pour défendre la mémoire de leurs compagnons morts en déportation, apporter des témoignages de ce qui s’est réellement passé, les preuves écrites, photographiques et orales de l’horreur des camps mais aussi et surtout de la résistance opposée, dès les premiers moments, par les détenus eux-mêmes. Résistance qui se résumait souvent en des gestes presque insignifiants en temps de paix : prélever un petit morceau de pain, une cuillerée de soupe pour un compagnon en danger de mort, écrire un mot, un petit poème, tracer un dessin sur un morceau de papier minuscule, juste pour prouver que l’humanité chez eux n’était pas anéantie. De ces actes de résistance il y en eu beaucoup, et un des rôles de la FEDIP était de les faire connaître au plus grand nombre et que cette connaissance passe les générations.

La FEDIP en actions
La FEDIP en actions

La FEDIP est ouverte à tous les déportés (hommes et femmes) de tous les camps nazis et de toutes les tendances politiques de la déportation espagnole, excepté les staliniens.

Un homme va prendre à cœur la création de cette fédération, il en ressent la nécessité absolue. Pour lui, il existe des intérêts particuliers à défendre et à mettre en avant en ce qui concerne les ex déportés espagnols. Il s’agit de José Ester Borras[1] Il en sera le secrétaire général de 1948 à sa mort en 1980.

José Ester Borras, secrétaire général de 1948 à 1980
José Ester Borras, secrétaire général de 1948 à 1980

La FEDIP se constitue grâce à un petit groupe d’ex-déportés décidés à travailler ensemble pour la mémoire et pour l’aide à apporter aux plus démunis d’entre eux. Après avoir tenu une première réunion informelle à Toulouse en août 1945, ce groupe provoque en septembre 1945 un congrès de constitution de la FEDIP.

Une des toutes premières tâches qui va impulser la formation et l’activité de la FEDIP est l’implication de ce groupe auprès des autorités internationales du camp occidental pour révéler la présence de républicains espagnols dans le goulag de Karaganda dans l’URSS de Staline et leur action victorieuse pour les en faire sortir.

Un des besoins fondateurs de la FEDIP fut également la défense des droits des anciens déportés espagnols. Il faut préciser que lorsqu’ils revinrent en France, ils étaient totalement démunis pour la plupart : sans famille, sans toit, sans travail, sans ressources et souvent malades… Il fallait venir en aide à ces combattants pour leur permettre de re-vivre : retrouver leur famille, leurs amis, prendre en charge les soins dont ils avaient besoin, les accompagner dans les démarches administratives, les hôpitaux… . Il fallait trouver des aides financières, et défendre leurs droits.

La FEDIP se préoccupa également des familles de ceux qui étaient morts en déportation. Ils laissaient familles et veuves dans la misère du fait de la disparition du père, du mari et/ou du fils, notamment celles qui se trouvaient en Espagne menacées en plus par la dictature franquiste.

 

 

En tout premier lieu, la FEDIP siège à Toulouse, au : 7 rue des Arts.

Elle se dote d’un organe de presse « Hispania » qui la suivra jusqu’en 2000.

N°1 Hispania an 1, 20 mai 1946
N°1 Hispania an 1, 20 mai 1946

Il y aura plusieurs époques à ce journal, la première ne contiendra que 5 numéros.  Le directeur de cette publication est Roque Llop, (il le sera jusqu’à son décès).

À l’automne 1946, le conseil national de la FEDIP s’est installé à Paris au 14 Boulevard Montmartre Paris 9e.

En 1948 la FEDIP transporte son siège au 51 rue de Boulainvilliers dans le 16e arrondissement

En 1959 elle est au 82 rue de Montmartre dans le 2e arrondissement,

En mai 1963, elle acquiert son propre local au 27 rue de Leningrad (aujourd’hui de Saint Pétersbourg) dans le 8e arrondissement de Paris. Elle restera là jusqu’à la fin de son existence en 2008 où le local, conformément aux statuts modifiés en 1984, est dévolu à l’UNICEF

Hispania N°9/2 époque janvier 1964/Inauguration du local au 27 rue de Léningrad 75008 Paris
Hispania N°9/2 époque janvier 1964/
Inauguration du local au 27 rue de Léningrad 75008 Paris

La FEDIP a mené, avec succès, ses principales actions :

 

  • Sortir les Républicains espagnols du goulag de Karaganda, (URSS)…
  • Obtenir des indemnités pour dommage moraux et physiques pour les déportés espagnols civils, de la France et d’Allemagne.
  • Obtenir des pensions pour les veuves de déportés, restées en Espagne
  • Construire le monument en hommage à tous les républicains espagnols morts pour la Liberté au cimetière du Père Lachaise (Paris 20) ;
  • Dénoncer sans cesse la dictature franquiste qui emprisonne, assassine les démocrates et les résistants espagnols.
  • Transmettre aux jeunes génération son idéal antifasciste et solidaire

  

C’est au nom des déportés républicains espagnols et au nom de la FEDIP afin de marquer leur existence et leur combat incessant pour la liberté et la justice, que nous avons proposé d’apposer une plaque sur la façade de cet immeuble.

Une plaque qui rappelle au N°27; Siège de la Federación española de deportados e internados políticos (FEDIP/ 1945-2008)

Plaque

C’est de ce « quartier général », que la FEDIP a mené tous ses combats en faveur des déportés espagnols dans les camps nazis et contre toutes les dictatures.

Inauguration du monument de la FEDIP au Père Lachaise le 13 avril 1969, par Daniel Mayer [2]

D.-Mayer-13-avril-69-Inauguration-Monument-FEDIP-
D.-Mayer-13-avril-69-Inauguration-Monument-FEDIP-

[1] José Ester Borras, (1913-1980) né à Berga en (Catalogne) mort à Alès (gard). Membre réseau Ponzan/Vidal, déporté en tant que résistant.

[2] membre du Conseil national de la résistance, Secrétaire général de la SFIO, ministre du travail de 1946/1949

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