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08 EXIL ET PRÉPARATIFS DE GUERRE.

Article du | 24 aout 1944 | ,
C’est un exil sans précédent dans l’histoire de la France : plus d’un demi million d’Espagnols, abandonnant les ruines de leur république, viennent chercher refuge en France.
Les républicains espagnols se retrouvent dans les maquis en France (maquis international de Frédille, dans l’Indre)

19 mai 1939. Le comité de non-intervention tient sa trentième et dernière séance après la fin du conflit. Prenant acte de son inutilité, il procédera alors à sa propre dissolution.

Mai-juin 1939. 79 compagnies militaires enrôlent chacune 250 volontaires espagnols pour travailler notamment au renforcement de la ligne Maginot.

8 juillet 1939. Arrestation, à son poste du Conseil national de défense de Madrid, du socialiste Julián Besteiro Fernández.

26 au 31 juillet 1939. À Paris, les Cortes en exil reconnaissent la JARE (Junta de Auxilio a los Republicanos Españoles), organisme créé par Indalecio Prieto depuis le Mexique pour venir en aide aux réfugiés espagnols en France.

19 août 1939. Un accord d’échange commercial est conclu entre l’Allemagne et l’Union soviétique.

22 août 1939. Chamberlain envoie à Hitler un ultime message pour éviter la guerre. En rappelant les engagements de son pays à l’égard de la Pologne, le Premier ministre britannique demande l’instauration d’une trêve afin de régler les conflits par la négociation. Le même jour, Hitler fixe le début des opérations militaires contre la Pologne au 26 du même mois.

23 août 1939. Pacte Molotov-Ribbentrop. L’URSS signe, avec l’Allemagne nazie, un pacte de non-agression pour dix ans. Un protocole secret détermine les zones d’influence soviétique et allemande en Europe   de l’Est, et notamment le partage de la Pologne.

En France, le Comité permanent de la Défense nationale est réuni : l’armée se tient prête à intervenir en cas d’agression contre la Pologne, avec des réserves en ce qui concerne l’aviation.

26 août 1939. Daladier interdit la presse communiste.

1er septembre 1939. L’Allemagne envahit la Pologne.

3 septembre 1939. La France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne.

4 septembre 1939. Franco déclare sa neutralité dans le conflit mondial.

Novembre 1939. Constitution du réseau « Pat O’Leary », filière d’évasion à travers l’Espagne, dont l’homme clé est le libertaire Francisco Ponzán. Elle permettra l’évacuation vers l’Angleterre de centaines d’aviateurs alliés, de juifs et de résistants. Ponzán sera assassiné par les nazis le 17 août 1944.

 18 novembre 1939. Un décret accentue encore la répression contre l’étranger en France, car il prévoit : « Les individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique peuvent, sur décision du préfet, être éloignés par l’autorité militaire des lieux où ils résident et, en cas de nécessité, être astreints à résider dans un centre désigné par décision du ministre de la Défense nationale et de la Guerre et du ministre de l’Intérieur ».

1er décembre 1939. Le préfet des Hautes-Pyrénées écrit, dans son rapport au ministre de l’Intérieur que, dans son département, plus aucun réfugié espagnol n’est à la charge de l’État. Il signale aussi des retours « volontaires » en Espagne.

Décembre 1939. Premières déportations de Juifs polonais dans les camps de concentration nazis, en Pologne.

14 décembre 1939 : Les conditions d’applications du décret du 18 novembre, fixées aux préfets par Albert Sarrault (ministre de l’intérieur).

1940  LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 LES EXILES ANTIFASCISTES ESPAGNOLS DANS LA TOURMENTE.

1940

Pour nombre de libertaires espagnols, le déclenchement des hostilités est perçu comme une chance à saisir et le prélude à la libération de l’Espagne. Sans consigne ni mot d’ordre, ils forment, en grand nombre, des maquis autonomes ou intègrent les rares maquis alors existants. Au cours des années qui suivront, les plus connus d’entre eux seront ceux de l’Ariège, de Dordogne, de l’Aveyron, du Cantal et des Glières en Haute-Savoie…

Une tendance minoritaire du MLE faisant foi d’orthodoxie anarchiste s’abstiendra, néanmoins, de participer à la Résistance.

18 janvier 1940. Déclaration de neutralité des pays scandinaves.

12 février 1940. Accord commercial entre l’URSS et l’Allemagne nazie pour contrer le blocus maritime. Les exportations de l’URSS vers l’Allemagne se montent à 500 millions de marks ; le dit traité est économiquement avantageux pour l’URSS, qui reçoit de l’Allemagne une grande quantité d’armement, de machines-outils et d’équipements divers, la France et la Grande-Bretagne ayant refusé de lui en livrer.

1er mars 1940. Loi franquiste de répression de la franc-maçonnerie et du communisme[1]. Les deux institutions sont interdites,  leurs partisans persécutés, emprisonnés ou assassinés pour actions subversives contre l’État.

25 avril 1940. Le 1er bureau de l’État-major de l’armée annonce que les 104 000 réfugiés espagnols recensés ont tous été astreints au service des prestations. Il en découle la  création des CTE, compagnies de travailleurs étrangers, composées essentiellement d’Espagnols réfugiés (plus de 60 000) ; d’autres sont placés dans l’industrie et l’agriculture (40 000) ou s’engagent dans la Légion étrangère (plus de 10 000) ou sont déclarés inaptes et demeurent dans les camps.

10 juin 1940. L’Italie entre en guerre contre la France.

17 juin 1940. Pétain demande l’armistice.

18 juin 1940. En exil à Londres, le général de Gaulle lance son appel à la résistance et constitue son gouvernement.

22 juin 1940. La France signe l’armistice avec l’Allemagne et l’Italie.

10 juillet 1940. L’Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, vote, à l’exception de quatre-vingts députés et sénateurs, les pleins pouvoirs à Pétain. Mise en place du gouvernement de Vichy.

06 août 1940. Le premier convoi de déportés en provenance des stalags (abréviation de Mannschaftsstamm und Straflager, camps de prisonniers de guerre) de Moosburg en Bavière, composé de 398 Espagnols. Il s’agit uniquement d’Espagnols républicains, volontaires pour servir dans l’armée française (CTE) et se battre contre le fascisme. Ils sont faits prisonniers de guerre par l’armée allemande en mai et juin 1940), arrivent au camp de concentration de Mauthausen (ouvert en 1938, classé catégorie III3). Dès lors, les républicains espagnols, déportés au camp de Mauthausen, porteront le triangle bleu des apatrides et la lettre S pour Spanien. Les républicains espagnols seront les bâtisseurs du camp dans son aspect définitif. Beaucoup y laisseront la vie.

9 août 1940. Un deuxième convoi part, pour Mauthausen, du stalag I B à Hohenstein (Pologne), avec 165 républicains espagnols.

13 août 1940. Un troisième convoi de 91 républicains espagnols part du stalag IX pour Ziegenhain (près de Francfort). Du premier au troisième convoi, il s’agit d’Espagnols des CTE (souvent supplétifs de l’armée française, engagés dans l’effort de guerre sur la ligne Maginot, dans les Vosges, ou une autre partie du front…), arrêtés et internés dans des stalags en tant que prisonniers de guerre. Sur ces déportés de la première heure, très peu reviendront (respectivement, dans chaque convoi 63 %, 71 % et 83 % de disparus).

20 août 1940. Arrestation des Espagnols du camp d’Angoulême (en zone occupée). « À mesure, la menace se précisait (…) Les Allemands encerclèrent le camp et nous conduisirent à pied à la gare. Nous fûmes entassés dans des wagons comme des animaux, puis emmenés au supplice le plus tragique de notre vie. Pour moi, il y eut complicité entre les xénophobes français, les autorités espagnoles franquistes et les Allemands… » (propos de Luis Nates, rescapé) .

24 août 1940. Le convoi d’Angoulême arrive au camp de Mauthausen ; 430 hommes et adolescents sont internés. Les femmes et les enfants sont rapatriés de force chez Franco, après trois jours d’enfermement dans les wagons. Beaucoup disparaîtront dans les prisons franquistes.

25 septembre 1940. En accord avec les autorités franquistes, sortie d’une circulaire allemande qui prévoit la déportation systématique des Républicains espagnols.

27 septembre 1940. Julián Besteiro, socialiste membre du conseil national de Casado à la fin de la guerre, meurt d’épuisement dans sa cellule de Carmona (Séville).

3 octobre 1940. Mise en place par le gouvernement de Vichy du premier statut des Juifs.

7 octobre 1940. Abrogation du décret Crémieux de naturalisation collective des Juifs d’Algérie. Après plus de soixante-dix ans, ces derniers cessent d’être français.

11 octobre 1940. Création des groupements de travailleurs étrangers (GTE), qui regroupent chacun plusieurs compagnies (CTE).

15 octobre 1940. Après un simulacre de procès Lluís Companys, président de la Généralité de Catalogne, est fusillé au fort de Montjuic (Barcelone). Réfugié en France en 1939, il avait été livré à Franco en août 1940 par la Gestapo, avec la complicité de la Milice française et la présence de phalangistes espagnols. Sa tombe se trouve au Fossar de la Pedrera, tout en haut de la   colline de Montjuic à Barcelone, dans une fosse commune de 28 m de haut (cadavres et remblais).

17 octobre 1940. Serrano Suñer (beau-frère de Franco) est nommé ministre des Affaires étrangères.

23 octobre 1940. Rencontre à Hendaye entre Franco et Hitler. Ce dernier veut entraîner Franco dans le conflit et obtenir de lui le passage pour attaquer Gibraltar. Franco y met des conditions telles qu’Hitler refuse : l’Espagne conserve sa neutralité.

24 octobre 1940. Rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire. Pétain annonce à la radio la collaboration, sans condition, de la France avec l’Allemagne nazie.

Novembre 1940. Dissolution des CTE d’Afrique du Nord. Plusieurs milliers d’Espagnols sont répartis dans les GTE, où la situation est déplorable sur tous les plans.

3 novembre 1940. Mort à Montauban de Manuel Azaña, président de la Seconde République espagnole depuis le printemps 1936.

9 novembre 1940. Le représentant socialiste basque Julián Zugazagoitia Mendieta, est fusillé devant l’enceinte du cimetière de la Almudena (district de Carabanchel). Il avait été livré aux autorités franquistes par la Gestapo, avec la complicité de la Milice française et de la police espagnole venue d’Espagne pourchasser les dirigeants de l’État républicain espagnol.

13 décembre 1940. Un convoi de 847 Espagnols provenant du stalag VD (Strasbourg et Saint-Dié) arrive au camp de Mauthausen.

[1] Franco réduit au « communisme » tous ceux qui de près ou de loin soutiennent la République.

 

 

 

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