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La vie dans les camps

Article du | 24 aout 1944 |
Malgré l’aide précieuse apportée par les comités de soutien, en particulier les quakers particulièrement actifs, la plupart des internés qui ont tout perdu sur le chemin de l’exil, manquent de tout. Très rapidement, ce besoin va conduire aux pires trafics. Au troc initialement improvisé, se substituent bientôt l’immonde marché noir. La corruption et la cupidité n’épargnent personne. Des internés qui, malgré les nombreuses fouilles, sont parvenus à dissimuler et à introduire dans les camps une quantité incroyable d’objets dont des objets précieux et de l’argent, alimentent le marché qui va encore prendre de l’extension avec l’arrivée des colis et des premiers mandats. Dans les camps «ordinaires», comme à Argelés, malgré les interdits, une sorte de marché aux puces, le «barrio chino», en référence au quartier populaire de Barcelone, lieu de tous les excès, s’installe. Mais au milieu du sordide, émerge aussi, une vie de village avec ses artisans, tel le barbier, officiant à l’air libre, ses lieux de rencontre, d’études, de débats, ses quartiers, sa Rambla,…. créant un autre aspect à la fois cocasse et convivial.

Isolement – Effervescence culturelle

Passés les premiers jours dominés par la hantise des besoins quotidiens, les réfugiés qui comprennent que leur séjour dans les camps ne sera pas temporaire, commencent à s’organiser. Deux objectifs vont devenir prioritaires : – Sortir de l’isolement et retrouver la famille dont la trace a été perdue au moment de l’exode, ou lors des séparations organisées à la frontière ou dans les camps. – Retrouver la dignité d’être humain afin de ne pas sombrer dans la dépression voire la folie qui a déjà frappé nombre d’entre eux. Avec l’aide d’organismes de solidarité et de journaux, des avis de recherche sont publiés, relayés bientôt, par des journaux édités par les réfugiés eux-mêmes. Dans les camps, des groupes de discussion s’organisent. Une activité culturelle et sportive se développe. D’abord informelles, ces activités vont vite se structurer et rythmer la vie des internés, qui comprennent que la survie passe par l’entretien à la fois du corps et de l’esprit. ( Voir les dessins dessins de Giné en PJ ) Les autorités des camps, d’abord réticentes, finissent par tolérer, parfois même faciliter cette effervescence culturelle qui tient lieu de soupape de sécurité. Des fêtes ouvertes à la population sont même organisées, comme à Gurs le 14 juillet 1939. Poursuivant le travail d’éducation et d’enseignement commencé en Espagne, des ateliers touchant tous les domaines sont organisés. Ils donnent lieu à des représentations théâtrales et à des expositions. Chacun met ses compétences et son expérience au service de la communauté. Des cours de tout niveau, qui vont de l’alphabétisation aux cours de perfectionnement et à l’apprentissage des langues mais aussi aux leçons d’hygiène et d’éducation sexuelle, se succèdent à un rythme impressionnant et attirent des centaines d’élèves. Les veillés sont consacrées à la lecture, aux conférences-débats, au chant. En support à ces activités, une presse artisanale, illustrée par des dessins effectués à la plume ou aux crayons de couleur, et reproduite manuellement à quelques exemplaires, voit le jour. En étroite liaison avec ces activités, le militantisme refait son apparition. Malgré la répression qui peut se traduire par un transfert dans un camp disciplinaire, une vie politique clandestine s’organise. Dans ce domaine, les militants communistes qui occupent souvent des responsabilités dans les différents services délégués aux internés, qui leur permettent de déjouer plus facilement la surveillance des gardiens, sont les plus actifs. Selon les archives du PSUC, 75% des publications communistes sont parvenues ainsi dans les camps et les centres d’hébergement. Mais cette vie politique est aussi source de lutte entre réfugiés. Les conflits politiques emportés dans l’exil sont encore plus exacerbés. Particulièrement vifs entre communistes et anarchistes, ces affrontements connaissent un regain d’intensité après la signature du pacte germano-soviétique, et donnent parfois lieu à de violentes altercations.
Autoportrait de Giné
Autoportrait de Giné
portrait de Ramon Giné
portrait de Ramon Giné
Infirmier à Sepfond par Giné
Infirmier à Sepfond par Giné
population des principaux camps
population des principaux camps

Malgré l’aide précieuse apportée par les comités de soutien, en particulier les quakers particulièrement actifs, la plupart des internés qui ont tout perdu sur le chemin de l’exil, manquent de tout.

Très rapidement, ce besoin va conduire aux pires trafics. Au troc initialement improvisé, se substituent bientôt l’immonde marché noir. La corruption et la cupidité n’épargnent personne.

Des internés qui, malgré les nombreuses fouilles, sont parvenus à dissimuler et à introduire dans les camps une quantité incroyable d’objets dont des objets précieux et de l’argent, alimentent le marché qui va encore prendre de l’extension avec l’arrivée des colis et des premiers mandats.

Dans les camps «ordinaires», comme à Argelés, malgré les interdits, une sorte de marché aux puces, le «barrio chino», en référence au quartier populaire de Barcelone, lieu de tous les excès, s’installe.

Mais au milieu du sordide, émerge aussi, une vie de village avec ses artisans, tel le barbier, officiant à l’air libre, ses lieux de rencontre, d’études, de débats, ses quartiers, sa Rambla,…. créant un autre aspect à la fois cocasse et convivial.

Isolement – Effervescence culturelle

Passés les premiers jours dominés par la hantise des besoins quotidiens, les réfugiés qui comprennent que leur séjour dans les camps ne sera pas temporaire, commencent à s’organiser.

Deux objectifs vont devenir prioritaires :
– Sortir de l’isolement et retrouver la famille dont la trace a été perdue au moment de l’exode, ou lors des séparations organisées à la frontière ou dans les camps.
– Retrouver la dignité d’être humain afin de ne pas sombrer dans la dépression voire la folie qui a déjà frappé nombre d’entre eux.

Avec l’aide d’organismes de solidarité et de journaux, des avis de recherche sont publiés, relayés bientôt, par des journaux édités par les réfugiés eux-mêmes.
Dans les camps, des groupes de discussion s’organisent. Une activité culturelle et sportive se développe. D’abord informelles, ces activités vont vite se structurer et rythmer la vie des internés, qui comprennent que la survie passe par l’entretien à la fois du corps et de l’esprit. ( Voir les dessins dessins de Giné en PJ )

Les autorités des camps, d’abord réticentes, finissent par tolérer, parfois même faciliter cette effervescence culturelle qui tient lieu de soupape de sécurité. Des fêtes ouvertes à la population sont même organisées, comme à Gurs le 14 juillet 1939.
Poursuivant le travail d’éducation et d’enseignement commencé en Espagne, des ateliers touchant tous les domaines sont organisés. Ils donnent lieu à des représentations théâtrales et à des expositions. Chacun met ses compétences et son expérience au service de la communauté. Des cours de tout niveau, qui vont de l’alphabétisation aux cours de perfectionnement et à l’apprentissage des langues mais aussi aux leçons d’hygiène et d’éducation sexuelle, se succèdent à un rythme impressionnant et attirent des centaines d’élèves. Les veillés sont consacrées à la lecture, aux conférences-débats, au chant.

En support à ces activités, une presse artisanale, illustrée par des dessins effectués à la plume ou aux crayons de couleur, et reproduite manuellement à quelques exemplaires, voit le jour.

En étroite liaison avec ces activités, le militantisme refait son apparition. Malgré la répression qui peut se traduire par un transfert dans un camp disciplinaire, une vie politique clandestine s’organise. Dans ce domaine, les militants communistes qui occupent souvent des responsabilités dans les différents services délégués aux internés, qui leur permettent de déjouer plus facilement la surveillance des gardiens, sont les plus actifs. Selon les archives du PSUC, 75% des publications communistes sont parvenues ainsi dans les camps et les centres d’hébergement.

Mais cette vie politique est aussi source de lutte entre réfugiés. Les conflits politiques emportés dans l’exil sont encore plus exacerbés. Particulièrement vifs entre communistes et anarchistes, ces affrontements connaissent un regain d’intensité après la signature du pacte germano-soviétique, et donnent parfois lieu à de violentes altercations.

Autoportrait de Giné
Autoportrait de Giné
portrait de Ramon Giné
portrait de Ramon Giné
Infirmier à Sepfond par Giné
Infirmier à Sepfond par Giné
population des principaux camps
population des principaux camps
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